Osée 2, 4-24

Personnages et scènes du procès

Père Jésus Asurmendy

Amos et Osée, CE 64, p. 33

 

           Dès le début du texte que nous venons d’entendre, nous comprenons qu’il s’agit d’un procès : Faites un procès à votre mère, accusez-la ! Cinq personnages principaux apparaissent : le mari, la femme, les enfants, les amants, Ba’al, auxquels on peut ajouter, évidemment, les biens de la terre (huile, blé, eau, etc…). Les rapports entre ces personnages sont complexes et dans le déroulement du procès on passe souvent de l’image à la réalité. Par ailleurs, la femme représente le peuple d’Israël, mais parfois la terre, le pays. Les enfants apparaissent tantôt presque comme des accusés, tantôt comme témoins. Ce qui apparaît le plus surprenant, ce sont des différents rôles par celui qui parle : accusateur, témoin, victime, juge. Tout sauf accusé.

            Le texte ne présente pas les différents éléments du procès de manière logique et chronologique. Mais tous les éléments d’un vrai procès y sont présents. Le verset 7 est un premier élément de l’accusation : Oui, leur mère s’est prostituée, celle qui les conçut s’est déshonorée ; elle a dit : Je veux courir après mes amants, eux qui me donnent mon pain et mon eau, ma laine et mon lin, mon huile et ma boisson : adultère et prostitution à la recherche de moyens de subsistance. Le verset 15 se situe également dans la ligne de l’accusation, non plus au niveau de l’image, mais de la réalité des faits de l’accusation. Le texte évoque également la signification de ces faits, leurs motivations. La femme a eu ce comportement parce qu’elle croyait que c’étaient les amants qui étaient à l’origine des biens dont elle avait besoin : C’est eux qui me donnent le pain ; voilà le salaire que m’ont donné mes amants. Cette raison positive du comportement de la femme en cache une autre : Elle courait après ses amants, et moi elle m’oubliait ; elle n’a pas compris que c’est moi qui lui donnais blé, vin nouveau, huile fraîche. Le résultat de ce comportement figure dans la première sentence du texte : Elle n’est plus ma femme, et moi je ne suis plus son mari. Mais le texte ne se réduit pas à cette sentence logique du procès. Celui qui parle, accusateur-victime-juge, annonce une série de mesures qui, à première vue, font partie du châtiment : mettre nue, faire mourir de soif, fermer son chemin avec des ronces pour qu’elle ne puisse pas trouver ses amants. Mais la finalité de tout cela est positive : Elle se dira alors : je vais retourner chez mon premier mari, car alors tout allait mieux pour moi que maintenant.

           Ceci explique le retournement inattendu de la dernière sentence : elle commence par un : c’est pourquoi après lequel on s’attend à un châtiment. La surprise est donc complète d’entendre le juge annoncer les plus belles retrouvailles. La relation est rétablie : Elle me répondra comme au jour où elle monta du pays d’Egypte.