Jean 1, 47-51

« Il a commandé à ses anges de vous garder »

Saint Bernard

Sermon XII pour le Carême, 4, OC III, p. 459

 

         Merveilleux effet de sa bonté ! Indicible témoignage de son amour ! Car quel est Celui qui donne ce commandement ? A qui et pour qui le fait-il ? Qu’a-t-il commandé ? Représentons-nous l’importance et la qualité de ce commandement : quel est donc Celui qui a commandé ? A qui les anges appartiennent-ils ? A qui obéissent-ils ? De qui doivent-ils exécuter la volonté ? Il a commandé à ses anges de vous garder dans toutes vos voies. Et ils sont si prompts à obéir qu’ils vous portent sans délai entre leurs mains. C’est donc la souveraine majesté qui commande à ses Archanges, à ses Anges, à ces esprits si élevés, si heureux, si voisins de Dieu, si unis à Dieu, si familièrement attachés à Dieu. Et il les charge de vous. Qui êtes-vous donc ? Seigneur, qu’est-ce que l’homme pour te souvenir de  lui ? Qu’est-ce que le Fils de l’homme pour que tu en fasses tant d’estime ? Comme si l’homme était autre chose que corruption et pourriture, ver de terre ? Mais quel est ce commandement que Dieu fait pour nous à ses Anges ? Leur a-t-il donné contre nous des ordres pénibles ? Les a-t-il obligés à montrer leur puissance contre une feuille que le vent emporte, de poursuivre une paille desséchée ? D’éloigner le méchant, de lui ravir la vue de la gloire de Dieu ? Cet ordre doit être porté un jour, il ne l’est point encore. Ne vous éloignez donc point du secours du Très-Haut. Restez sous la protection du Dieu du ciel, afin que vous ne donniez jamais occasion à sa justice de faire ce terrible commandement contre vous. Le Dieu du ciel ne fera point de commandement contre celui qu’il protégera, mais plutôt en sa faveur. Et ce qu’il ne commande pas est différé, afin que toutes choses soient pour ses élus. Comme les serviteurs du père de famille s’offraient d’aller arracher promptement l’ivraie semée dans le bon blé, cet homme prudent leur dit : Laissez croître les mauvaises plantes avec les bonnes jusqu’au moment de la moisson, de crainte qu’en arrachent les mauvaises herbes, vous n’arrachiez aussi le froment. Comment donc ce froment pourra-t-il être conservé si longtemps ? C’est cette conservation qui est tout entière l’ouvrage de la grâce présente de Jésus-Christ, et du commandement que Dieu fait à ses anges pour le temps où nous sommes.