Amos 8, 1-15

Perspectives de restauration

Frère M. L. Dumestre

Le message d’Amos, VS 75, 1946, p. 436s

 

            Ce n’est pas contre le culte en soi que polémiquent Amos et ses pareils, c’est contre cette forme concrète de culte qu’ils ont sous leurs yeux. Avec le temps, sous l’influence des religions étrangères, à la simplicité des  anciens rites avait été substitué un réseau de lois et d’observances relatives au pèlerinage, aux fêtes, aux sacrifices. A ces rites extérieurs, on avait tendance à attribuer une efficacité magique.

            Les prophètes n’ont pas fait de déclarations positives sur ce qui devait être le culte bien compris et sur la place que, à leur avis, il devait avoir dans la religion de leur époque. Ce qui les occupait tout entier, c’était la vision du Dieu qui s’avançait pour tout détruire et devant lequel on ne pouvait tenir que dans la foi et l’obéissance. Et cependant, leur critique négative du culte et leur manière d’accentuer le côté personnel de la religion, en déblayant le terrain et en fixant l’échelle des valeurs, suggérait déjà par quelle voie le culte peut avoir droit de cité dans la religion : à savoir en se tenant à son rôle symbolique et sacramentel où il avait contenu le mosaïsme. Et, en réalité, c’est bien ainsi que l’ont compris les milieux israélites de l’exil, et en particulier le prêtre-prophète Ezéchiel : tous ils ont su dégager de la polémique des prophètes la juste appréciation du culte qu’elle incluait, et faire la synthèse du sacerdoce et du prophétisme.

          Avec ses condamnations sans appel, avec ses visions de catastrophes et de fin du monde, ses rugissements de lion, ses immenses incendies, le message d’Amos est une fulgurante révélation du Dieu terrible. Mais en dépit de ses terreurs et de ses colères, il ne renonce pas à son plan de salut. Au terme de ces perspectives ténébreuses brille discrètement, comme une lueur d’espérance, la promesse de relever la hutte branlante de David, de réparer les brèches et de relever les ruines pour nous rappeler qu’au milieu des pires bouleversements Dieu sait sauvegarder les germes de relèvement et de résurrection. Que si la masse se corrompt, il lui suffit pour renouveler la face de la terre que le sel divin garde toute son énergie dans le cœur d’un petit nombre de fidèles.