Isaïe 28, 1-6 + 14-22

L’heure de l’action a maintenant sonné

Saint Paul VI

Encyclique sur le développement des peuples, n° 64…86

 

         Les peuples pauvres restent toujours pauvres et les riches deviennent toujours plus riches. Une telle situation, si lourde de menaces pour l’avenir, nous afflige profondément. Nous gardons cependant espoir : un besoin plus senti de collaboration, un sens plus aigu de la solidarité finiront par l’emporter sur les incompréhensions et les égoïsmes. Car si le monde est malade, son mal réside moins dans la stérilisation des ressources ou leur accaparement par quelques-uns, que dans le manque de fraternité entre les hommes et entre les peuples. Puissent tous ceux qui se réclament du Christ entendre son appel : J’ai eu faim et vous m’avez donné à manger. Personne ne peut demeurer indifférent au sort de ses frères encore plongés dans la misère, en proie à l’ignorance, victimes de l’insécurité. Comme le cœur du Christ, le cœur du chrétien doit compatir à cette misère : J’ai pitié de cette foule.

         La prière de tous doit donc monter avec ferveur vers le Tout-Puissant, pour que l’humanité, ayant pris conscience de si grands maux, s’applique avec intelligence et fermeté à les abolir. A cette prière doit correspondre l’engagement résolu de chacun, à la mesure de ses forces et de ses possibilités. Puissent les personnes, les groupes sociaux et les nations se donner la main fraternellement, le fort aidant le faible à grandir, y mettant toute sa compétence, son enthousiasme et son amour désintéressé.

          L’heure de l’action a maintenant sonnée : la survie de tant d’enfants innocents, l’accès à une condition humaine de tant de familles malheureuses, la paix du monde, l’avenir de la civilisation sont en jeu. A tous les hommes et à tous les peuples de prendre leurs responsabilités. Des changement sont nécessaires, des réformes profondes indispensables. Que les riches sachent que les pauvres sont à leur porte et guettent les reliefs de leurs festins. Il dépend de vous que les dangereux et stériles affrontements de forces fassent place à la collaboration amicale, pacifique et désintéressée pour un développement solidaire de l’humanité dans laquelle tous les hommes puissent s’épanouir.

           Et s’il est vrai que le monde est en malaise faute de pensée, nous convoquons les hommes de réflexion et les sages, catholiques, chrétiens, honorant Dieu, assoiffés d’absolu, de justice et de vérité : tous les hommes de bonne volonté. A la suite du Christ, nous osons vous prier avec instance : Cherchez, vous trouverez, ouvrez les voies qui conduisent par l’entraide, l’approfondissement du savoir, l’élargissement du cœur, à une vie plus fraternelle dans une communauté humaine vraiment universelle.