Jérémie 23, 9-17+21-29

Est-ce que le ciel et la terre, je ne les remplis pas ?

Saint Augustin

La Règle de la vraie foi, OC 22, p. 389s

 

    Toutes les choses créées, grandes comme petites, prouvent la bonté et la toute-puissance du Créateur. La véritable et souveraine sagesse a tout fait avec sagesse, car sa nature est de posséder l’être, comme de posséder la sagesse. Cette sagesse de Dieu, simple dans son principe, infinie dans ses œuvres, prouve toute la grandeur de Dieu, non seulement lorsqu’il donne l’existence aux créatures les plus sublimes, mais aussi quand il crée les êtres infiniment petits. Tous les êtres qu’il a fait qui sont bons, sont à une distance immense du Créateur ; complètement tirés du néant, ils ne sont pas égaux entre eux, chacun conservant sa qualité comme Dieu la lui a donnée avec l’être, l’un d’une façon, l’autre d’une autre. Les corps n’ont pas le même mode d’existence que les esprits, et entre les corps eux-mêmes, vous trouvez de l’inégalité et de la différence. La diversité des êtres corporels montre évidemment que chacun d’eux n’est pas nécessairement ce qu’il est ; il est ce que le Créateur l’a fait par une disposition de sa volonté toute-puissante, immuable, infiniment sage.

Si toute la créature corporelle était de la même nature que la Sainte Trinité, qui est un seul Dieu, elle ne pourrait pas occuper un lieu, ni subir les changements du temps, ni passer d’un lieu à un autre, ni être circonscrite par la quantité de son volume. Tout prouve donc que le Créateur des êtres n’est point assujetti à la loi de la localité, parce qu’il est tout entier dans un petit comme dans un grand espace ; il n’est point assujetti à la loi du temps, parce que, seul et immobile dans son éternité, il règle d’une manière merveilleuse la succession des temps. Sa pensée ne subit pas la variation du temps et n’a pas besoin de se modifier par la disposition et la succession des événements ; son être n’a pas de limites, parce qu’il est infini ; il n’est pas répandu dans l’univers, comme s’il était divisé dans ses parties, comme si les grands espaces contenaient une plus grande partie de son être, et les plus petits une moindre partie, et qu’il ne fût pas partout tout entier. Car c’est Dieu lui-même qui dit :  Je remplis le ciel et la terre.