Marc 10, 46-52

Jésus et l’aveugle Bartimée

Père Benoît Standaert

L’évangile selon Marc, Commentaire, p. 107s

 

La rencontre entre Jésus et Bartimée se joue à la sortie de Jéricho dans la dernière étape du voyage vers Jérusalem. Au début et à la fin, il est fait mention du chemin, thème clé de la section précédente.

La question posée par Jésus à l’aveugle reprend littéralement celle qu’il a posée quelques versets plus haut aux fils de Zébédée : Que veux-tu que je fasse pour toi ?

La finale réunit les thèmes de voir, de croire et de suivre, c’est-à-dire les thèmes principaux de toute la partie centrale de l’évangile de Marc. Ainsi, dans la réponse de l’aveugle : Rabbouni, que je vois !, c’est tout le désir de la connaissance de l’identité de Jésus qui s’exprime. Dans le dernier trait, et il le suivait sur le chemin, on trouve résumée toute la thématique de la marche à la suite de Jésus. Enfin, t’a foi t’a sauvée, reprend le thème de l’attitude requise pour avoir accès à Dieu et à la puissance qui habite Jésus.

Par tout un tissage de correspondances, il reste l’histoire  d’une rencontre éminemment personnelle de Jésus et de Bartimée, le mendiant aveugle. Ses cris insistants sont toute sa prière, sa foi qui jaillit dans sa course vers son unique sauveur en abandonnant même son manteau, puis ce face-à-face frémissant entre Jésus qui interroge et sonde le grand désir du pauvre, et l’aveugle qui exprime toute sa vie : Rabbouni, que je voie !, enfin le trait final on ne peut plus sobre, et pourtant tout à fait satisfaisant : et il le suivait sur le chemin, chacun de ces traits contribue à faire de ce récit un des plus émouvants de tout l’évangile de Marc.

Les héros les plus remarquables parce que les plus accomplis dans cet évangile sont paradoxalement toujours des figures fort humbles et pauvres. Ils se démarquent le plus souvent par rapport aux disciples même, comme c’est le cas ici, ou en autres l’épisode, celui de la femme hémorroïsse, celui du père de l’enfant épileptique. Les chapitres suivants confirment cet aspect de Marc. Est-on jamais plus pauvre que le vrai pauvre, plus humble que les plus démunis, plus disciple que ceux qui crient de tout leur être afin de trouver le salut uniquement en ce sauveur : Jésus ?