Marc  10,  35-45

                    Le feu que je suis venu apporter…,

                                       la coupe que je dois boire…,

                                                           le baptême dont je dois être baptisé…

 

Père Jacques Guillet

Jésus-Christ hier et aujourd’hui, p. 191s

 

Il arrive à Jésus de parler de lui, non plus à la troisième personne, s’identifiant au Fils de l’homme, pour définir sa mission, mais sur un ton plus libre, à la première personne, pour simplement livrer son cœur, sa réaction à la Loi divine qui commande son existence. Alors jaillissent quelques mots précieux, retenus par les évangélistes Marc et Luc : Le feu que je suis venu apporter…, la coupe que je dois boire…, le baptême dont je dois être baptisé.

Il s’agit toujours du même impératif, de la figure que Dieu a tracée à l’existence de son Fils, mais ici le Fils nous confie ce que cette figure signifie pour lui, et comment il la vit intérieurement : c’est un feu qui le dévore, un baptême qui d’avance le saisit, une coupe à absorber. C’est aussi, moins lourd d’angoisse,mais chargé de la même tension, le mot qui, en saint Luc, ouvre la Cène, le désir de ce repas suprême, le dernier avant de souffrir. Feu, baptême, coupe, repas, il est notable que ces mots, où s’expriment les attitudes les plus personnelles du Seigneur, ses réactions de fond à la mission que lui fixe son Père, soient précisément les mots de ses sacrements, le baptême, la confirmation, l’eucharistie. Ce n’est point un hasard, et pas davantage un artifice ou un langage habilement calculé pour y faire coïncider le vocabulaire des sacrements et le vocabulaire du Seigneur.

C’est l’expression naturelle du fait que les sacrements de l’Eglise ont leur origine dans les zones les plus profondes du Christ : non pas seulement dans les gestes décisifs qu’il a posés, dernière Cène, agonie de Gethsémani, Passion, mais dans la valeur qu’ont eue pou lui ces gestes, dans ce qu’ils lui ont apporté de souffrance et de plénitude. Là où nous pouvons l’apercevoir, son attention nous paraît absorbée par les moments de son action dont il fera ses sacrements.