Isaïe 29, 13-24

« Ce peuple m’honore des lèvres, mais leur cœur est loin de moi »

Saint Augustin

Sermon 53, 1ère série, OC 19, p. 625s

 

Les partisans du monde paraissent avoir la louange de Dieu sur les lèvres ; en fait, ils prouvent tout le contraire par leurs œuvres selon les paroles du prophète Isaïe : Ce  peuple m’honore des lèvres, mais leur cœur est loin de moi. Or voici ce que leur crie l’Esprit Saint : Dieu a dit au pécheur : pourquoi racontez-vous mes justices, pourquoi votre bouche annonce-t-elle mon alliance ? Dieu semble dire au pécheur : toutes vos louanges ne servent à rien ; il est inutile à ceux qui vivent bien de me louer, mais pour vous, si vous me louez sans renoncer à vos péchés, vos louanges ne servent à rien. Pourquoi donc me louez-vous ? Ecoutez l’Ecriture qui vous dit : La louange n’a point de beauté dans la bouche du pécheur. Si, en effet, vous vivez mal et parlez bien, vous ne louez pas encore ; et si, d’autre part, vous commencez à faire le bien, mais en vous attribuant le mérite du bien que vous faites, vous ne louez pas encore véritablement.Je ne veux pas que vous ressembliez au larron qui insultait la croix du Seigneur, mais je ne veux pas non plus que vous ressembliez à celui qui, dans le Temple, vantait ses mérites et cachait ses plaies. Si vous avez été pécheur et que vous persévériez dans votre iniquité, je ne vous dis pas: Votre louange ne vous servira de rien ; je vous dis : Vous ne me louez pas, je ne regarde pas vos paroles comme une louange. D’un autre côté, si vous êtes juste, c’est-à-dire humble et pieux, et que vous marchiez gonflé de votre justice, méprisant les autres en comparaison de vous, et vous élevant au-dessus d’eux par la gloire que vous prétendez retirer de vos mérites, vous ne me louez pas. Je ne suis loué ni par celui qui fait le mal, ni par celui qui fait le bien comme par lui-même. Mais ce pharisien qui disait : Je vous rends grâce, Seigneur, de ce que je ne suis pas comme le reste des hommes, n’était-il pas de ceux qui prétendent faire le bien par eux-mêmes ? Il rendait grâces à Dieu de tout le bien qui était en lui. Mais alors qu’il y aurait en lui quelque bien, reconnaissait que ce bien ne vient pas de vous, mais que vous l’avez reçu de Dieu.