Isaïe 29, 1-8

Poème sur Aiel

Père Paul Auvray

Isaïe 1-39, p. 257s

 

Qui prononce ce poème sur Ariel ? Apparemment Dieu : lui seul peut annoncer et menacer sur ce ton. Ce qu’il annonce, c’est une prochaine attaque suivie d’une humiliation. Isaïe ne dit pas que cela aura lieu dans une année, ni dans plus d’une année, mais tout simplement dans la suite, dans le déroulement du temps. L’évocation de David est un rappel de l’origine davidique de Jérusalem et de son caractère sacré.

Dieu annonce d’abord l’épreuve guerrière. Le vocabulaire militaire est caractéristique : oppression, siège, retranchements. Jérusalem va être investie. Mais il n’est question ni de destruction, ni même d’assaut, de pillage ou de déportation, mais seulement d’humiliation. Jérusalem est obligé de rentrer sans terre, elle est couverte de poussière, sa voix est semblable à celle de l’esprit qui monte du shéol. D’autre part, les ennemis ne sont pas décrits comme cruels ou meurtriers ; ils sont légers, rapides, comme la poudre légère, comme la paille, deux images qui souvent signifient la faiblesse : des objets dont Dieu se joue.

Tel est en effet le message prophétique : une visite de Dieu, une intervention grandiose comme les théophanies, accompagnée des images traditionnelles, fracas, tremblement, bruit, tempête, feu. Et le résultat est exprimé en images : pour les ennemis qui croient déjà tenir Jérusalem, leur victoire n’est qu’un rêve. Bien plus, pour faire bien saisir leur déception, l’auteur les compare à l’homme qui a mangé et bu en rêve, et qui, à son réveil, n’est ni rassasié, ni désaltéré. Ainsi sera l’amère expérience de ceux qui menacent Jérusalem.

On songe tout naturellement à l’attaque de Sennachérib contre Jérusalem : une menace sérieuse. Jérusalem humiliée, privée de son territoire et en partie de ses armées, mais non détruite. Au contraire, soudain vient la délivrance miraculeuse qui change la morgue des ennemis en déception. D’autres oracles confirmeront et compléteront ce tableau.