Isaïe 32, 1-5+15 – 33, 6

Un règne messianique

Père Paul Auvray

Isaïe 1-39, p. 279s

 

Le prophète commence par le portrait d’un roi et d’un règne qui rappelle des descriptions bien connues dans deux passages d’Isaïe, les chapitres 9 et 11. Mais ces deux passages annonçaient un règne futur. Ici il semble que la description vise une situation déjà réalisée, ou en cours de réalisation.

Ce règne est parfait : roi et princes, tout le monde pratique justice et droit, couple tout à fait habituel dans des descriptions analogues. Droit et justice sont en effet les caractéristiques du règne messianique chez Isaïe. Cette perfection dans l’administration produit la sécurité. Ici les images sont celles d’un abri contre le vent et la pluie, auquel s’ajoute la prospérité, symbolisée par les ruisseaux dans le désert.

Le prophète développe ensuite ses conséquences morales. D’après les parallélismes, il semble que ce soit,non des miracles, mais l’expérience la plus quotidienne : les oreilles de ceux qui écoutent se font attentives, les yeux de ceux qui regardent voient. Les voyants sont donc, tout simplement, ceux qui regardent, et non les prophètes, comme pourrait le suggérer une terminologie ancienne. Et le fait de ne pas être englué n’exprime pas une transformation miraculeuse, mais seulement une constatation d’attention et de docilité. Pourtant le moral est toujours lié au physique. C’est ainsi que les impulsifs ou les étourdis se mettront à appliquer leur cœur au savoir, tandis que ceux qui s’expriment difficilement, ceux qui bégaient ou qui bredouillent, les langues hésitantes, parleront vite et clairement.

Enfin, l’ordre social sera respecté, les classes ne seront pas atteintes : le sot et le fourbe ne pourront plus se faire passer pour nobles ou magnats, désordre qui, apparemment, était fréquent dans le monde contestataire  où Isaïe vivait.

En résumé, ce développement sur le roi idéal et son règne est un morceau relativement classique, dans la ligne des prophéties royales d’Isaïe. On serai tenté d’y voir comme une suite ou un rebondissement de l’oracle (28,16-17) où Isaïe avait annoncé que Dieu posait en Sion une pierre angulaire et fondamentale, un nouveau roi dont la règle serait droit et justice ; il proclame maintenant que ce règne a commencé et il en décrit les conséquences heureuses.