Isaïe 24, 1-18a

Les châtiments divins

Père Pierre Grelot

Sens chrétien de l’Ancien Testament, p. 367s

 

Pour dépeindre les châtiments qui, après le Jugement final, puniront les adversaires de Dieu, le langage prophétique s’inspire souvent de données très générales : celles que renferment les malédictions rituelles prononcées contre les Israélites infidèles à l’Alliance, celles dont tous les peuples font l’expérience à travers les vicissitudes de leur histoire. De là ces clichés de calamités agricoles, de guerres, de défaites militaires, de déportation, d’exil,… qui reparaissent un peu partout, des oracles contre les Nations aux apocalypses tardives.

Les références plus explicites sont rares, mais elles existent : déluge, ruine de Sodome, plaies d’Egypte, mort de Pharaon, échec de Sennachérib devant Jérusalem. Dans les écrits apocryphes et rabbiniques, l’image de la géhenne est devenue classique ; elle passera de là dans le Nouveau Testament.

Il faut néanmoins reconnaître qu’en s’inspirant des jugements historiques de Dieu pour décrire son Jugement final, les textes prophétiques ne leur accordent qu’une valeur figurative imparfaite : les jugements historiques sont légions dans la Bible, et chacun d’eux ne concrétise que l’un ou l’autre aspect du malheur humain auquel tous les pécheurs sont voués. Or le châtiment du dernier jour sera en quelque sorte la somme de tous les malheurs possibles. Il s’agit donc moins de préfigurations que de réalisations commencées. Toutefois, dans les textes tardifs, ces réminiscences sont devenues des clichés littéraires qui ont la plasticité des symboles, et l’eschatologie des apocalypse les transfère du plan de l’histoire à un plan ultra-terrestre, suivant les lois du symbolisme exemplariste.

Le Nouveau Testament reprendra à son tour ces métaphores conventionnelles, implicitement chargées de tout un contenu historique.