Genèse 18, 1-33

L’hospitalité d’Abraham et de Sara

Saint Ambroise de Milan

Abraham, Livre I, chapitre 5, 32-44

 

Abraham se hâta vers la tente et dit à Sara : Vite, prends trois mesures de farine, confectionne des galettes. Un bon mari, lors d’un présent offert par piété, ne souffre pas que sa femme reste à l’écart et ne s’approprie pas jalousement le tout. En ce qui concerne la piété, Abraham veut qu’elle soit commune à tous deux ; quant à la pudeur, elle demeure entièrement le propre de Sara. Devant l’attente, l’homme guette l’arrivée de ses hôtes ; dans la tente, Sara garde la réserve féminine et accomplit les travaux qui conviennent aux femmes sans risquer son honneur. A l’extérieur, le mari reçoit les hôtes ; à l’intérieur, Sara prépare le repas. Non content de se hâter lui-même, Abraham dit à son épouse d’en faire autant ; elle montre ainsi qu’elle partage sa piété et qu’elle ne lui est pas inégale dans la foi.

Que la femme offre la farine, c’est-à-dire la partie la plus intime de ce froment spirituel ou de ce grain dont il est dit selon l’Ecriture qu’il ne porte aucun fruit s’il ne tombe en terre. C’est pourquoi, Marie fut le premier témoin du mystère de la résurrection du Seigneur et elle se hâta d’aller annoncer le divin salut non pas à n’importe qui, mais aux seuls Pierre et Jean. Que l’homme coure vers ses bœufs, qu’il prenne un veau, figure aussi de la Passion du Seigneur. Qu’il se hâte, poussé par un zèle ardent, sans se donner de répit, qu’il le confie à un enfant qui garde l’innocence de son jeune âge, ignore la tromperie, ne connaît pas la violence, a conservé la pureté d’un corps chaste. A cet enfant, ainsi qu’à tous ceux qui lui ressemblent, le saint David confie le service de la louange divine lorsqu’il dit : Enfants, louez le Seigneur !

Sans perdre de temps, Abraham courut vers ses bœufs, prit un veau tendre et le servit avec du lait. Lors de l’Exode, comme il annonçait la Pâque du Seigneur, Moïse déclara : Procurez-vous un agneau parfait ; vous l’égorgerez au crépuscule. Voilà pourquoi on précise que c’est à midi qu’Abraham a offert l’hospitalité au Seigneur. Mais c’est au dîner que le veau est immolé, mangé, non pas avec son sang, mais avec du lait, c’est-à-dire dans la pureté de la foi. Le veau est bon puisqu’il lave les péchés, tendre puisque, loin d’avoir la nuque raide, il n’a pas refusé le bois de la croix. Oui, il est vraiment tendre celui dont il n’est rien resté, ni tête, ni pattes, ni entrailles, et dont les os n’ont pas été brisés ; mais il est devenu tout entier la nourriture des convives. La Loi nous l’a montré en figure, mais l’Evangile nous l’a monté ainsi en vérité.