Luc 1,1-4 + 4,14-21

Le Nouveau Testament accomplissement de la parole prophétique

Père Divo Barsotti

La Parole de Dieu dans le mystère chrétien, p. 151s

 

Dans les Evangiles, les Ecritures anciennes sont mises en rapport avec l’événement chrétien de telle manière que celui-ci constitue à leur égard comme une exégèse créatrice : c’est-à-dire que le sens des Ecritures n’est autre que leur accomplissement dans le Christ. La dépendance des événements du Nouveau Testament à l’égard des textes de l’Ancien Testament ne signifie pas que les événements se sont adaptés à l’annonce prophétique, mais signifie la certitude que l’annonce prophétique a créé les événements mêmes. C’est l’événement chrétien qui explique les Ecritures anciennes.

Alors, il leur ouvrit l’esprit à l’intelligence des Ecritures.

Le caractère de cette exégèse de l’Ancien Testament dérive de cette  certitude, de cette conscience que les hagiographes ont possédée, après la mort et la résurrection de Jésus, que dans le Christ s’accomplissaient les promesses de Dieu. D’où la dépendance absolue et continuelle de tout le Nouveau Testament à l’égard de l’Ancien : l’événement chrétien, c’est la Parole divine qui, jadis annoncée, s’incarne maintenant.

C’est la Parole prophétique qui crée l’événement chrétien, si bien que l’événement, en réalisant la Parole, explique aussi tout ce qu’elle contenait déjà virtuellement. Tel est le plein sens que prend, dans l’Evangile de Luc, la lecture par Jésus du livre prophétique d’Isaïe dans la synagogue de Nazareth.

Le Nouveau Testament implique les Ecritures anciennes. Le rapport qui relie les Evangiles et les autres écrits néo-testamentaires à l’Ancien Testament est difficile à définir, tant il est essentiel et profond. Les événements chrétiens semblent habituellement calqués sur les faits de l’antique Israël ; chaque événement de la vie du Christ n’est pas raconté seulement à titre de fait historique, mais sa narration comporte aussi son interprétation théologique qui dérive précisément d’une confrontation inévitable avec les événements de l’antique Israël. Cette confrontation, dans la majorité des cas, est implicite, et c’est seulement notre longue familiarité avec les textes sacrés qui la découvre. Quand nous nous sommes formés une connaissance très étendue et suffisamment profonde de l’Ancien Testament, la confrontation, quoique implicite, ressort avec évidence. Tout le monde admet que le Nouveau Testament voit dans l’histoire du Christ, en quelque manière, la répétition de l’histoire de l’antique Israël, dont elle est l’accomplissement.