Galates 1, 11-24

La conversion chez saint Paul

Père Marie-Emile Boismard

Lumière et Vie, tome IX, n° 47, 1960, p. 93s

 

La conversion est l’abandon du service des idoles pour embrasser le service de Dieu. Elle implique un changement radical dans la manière de vivre : la sainteté, dans la pureté et la charité fraternelle, remplace débauches et haines fratricides. L’apôtre saint Paul reprend ce thème, caractéristique de la prédication aux  païens, mais dans une perspective de plus en plus christocentrique. Si l’homme peut se convertir, c’est parce que, au baptême, il s’est uni à la mort et à la résurrection du Christ ; par là, il s’est trouvé délivré du service des idoles, du péché, pour vivre d’une vie nouvelle, toute donnée à Dieu. Ces préoccupations christocentriques deviennent tellement prédominantes dans la lettre aux Colossiens, que Paul abandonne en fait l’idée du service de Dieu pour ne plus envisager que l’aspect strictement moral de la conversion : passage d’une vie dissolue à une vie de sainteté.


En se fusionnant avec le thème de la conversion, le thème du baptême entraîne avec lui celui de la créature nouvelle, qui lui est intimement lié. Repris de la tradition juive sur le baptême des prosélytes, ce thème ne sert d’abord à Paul que d’argument juridique retourné contre ses auteurs, les Galates et les Corinthiens. Mais Paul ne tarde pas à considérer le thème sous un aspect moral : la rupture entre avant et après ; le baptême marque en fait un changement radical dans la vie morale du chrétien, grâce à son insertion dans la vie propre du Christ ressuscité. De plus en plus, également, Paul prend au sérieux la notion de créature : au baptême, le renouvellement de l’homme restaure l’œuvre créatrice faussée par le péché d’Adam. A l’homme déchu, soumis au péché hérité d’Adam, succède l’homme qui, dans le Christ, nouvel Adam, porte à nouveau la ressemblance de Dieu.