Marc 16, 15-18

Les signes qui accompagnent les croyants

Saint Grégoire le Grand

Homélie XXIX sur l’Evangile, tome II, SC 522, p. 205s


Est-ce que, frères, parce que vous ne produisez aucun de ces signes, vous n’avez aucune foi ? Ces signes ont été nécessaires au début de l’Eglise. Pour que la foi grandisse, il fallait la nourrir avec des miracles ; nous aussi, lorsque nous plantons des arbres, nous les arrosons jusqu’à ce que nous les voyions bien implantés dans la terre ; une fois qu’ils ont pris racine, nous cessons l’arrosage. Voilà pourquoi Paul disait aux Corinthiens : Le don des langues est un signe, non pour les fidèles, mais pour les infidèles. Sur ces signes et ces pouvoirs, avons-nous à faire des remarques plus précises ? La sainte Eglise fait chaque jour spirituellement ce qu’elle accomplissait alors dans les corps par les apôtres. Car, lorsque ces prêtres, par la grâce de l’exorcisme, imposent les mains aux croyants et interdisent aux esprits malins d’habiter leur âme, font-ils autre chose que de chasser les démons ? Tous ces fidèles qui abandonnent leur vie passée, proclament de toutes leurs forces les louanges et la puissance de leur Créateur, font-ils autre chose que parler des langues nouvelles ? Ceux qui, toutes les fois qu’ils voient leur prochain faiblir pour le bien, l’aident de tout leur pouvoir, fortifient par l’exemple de leurs actes ceux dont chancelle la vie, que font-ils d’autres que d’imposer les mains aux malades pour qu’ils retrouvent la santé ? Ces miracles sont d’autant plus grands qu’ils sont spirituels, d’autant plus grands qu’ils remettent debout non pas des corps, mais des âmes. Aussi, frères, de tels signes, avec l’aide de Dieu, vous en réalisez, vous, si vous le voulez. Par les signes extérieurs, on ne peut obtenir la vie. Ces miracles corporels manifestent parfois la sainteté, ils ne la créent pas. Les signes spirituels, eux, agissent dans l’âme ; ils ne manifestent pas une vie vertueuse, ils la font telle. N’aimez pas les signes qui peuvent vous être communs avec les réprouvés, mais aimez les miracles de la charité et de l’amour fraternel ; ils sont d’autant plus sûrs qu’ils sont cachés, et trouveront auprès de Dieu une récompense d’autant plus belle qu’ils donnent une moindre gloire aux yeux des hommes.