Actes des Apôtres 12,1-23

Pierre délivré de prison

 

Dom Jacques Dupont

Assemblées du Seigneur, n° 84, p. 20s 

Tant que l’ange est là, Pierre reste muet, agissant comme en rêve. C’est seulement quand l’ange l’a quitté qu’il prend la parole pour faire une déclaration qui a manifestement pour but d’indiquer au lecteur la signification de l’événement. On rapprochera cette déclaration de Pierre de la déclaration finale lorsque Pierre, ayant enfin réussi à se faire ouvrir la porte de la maison chrétienne où il s’était rendu, raconta comment le Seigneur l’avait arraché aux mains du roi Hérode et à la haine des Juifs. 

La délivrance de Pierre s’inscrit dans le prolongement des interventions par lesquelles, dans l’histoire, Dieu arrache les siens aux mains de leurs persécuteurs. C’est Dieu qui conduit l’histoire de l’Eglise comme il a conduit autrefois celle d’Israël, et cette histoire apparaît ainsi comme une histoire du salut accordé par Dieu à ses serviteurs. Le personnage qui doit retenir l’attention dans le récit de la délivrance de Pierre, ce n’est pas l’apôtre qui reste purement passif ; ce n’est même pas l’ange qui n’est qu’un exécutant : c’est le Seigneur qui manifeste sa sollicitude pour les siens.

L’intervention divine a arraché Pierre non seulement aux mains d’Hérode, mais aussi à tous ce qu’attendait le peuple des Juifs. Pierre devait, en effet, comparaître devant le peuple. L’expression peut rappeler l’intervention, dans l’Exode (18,10) où Jéthro associe les Egyptiens au Pharaon persécuteurs. Elle évoque également la scène dans les Actes de Apôtres (4,25-27), où les apôtres en prière s’inspirent de ce que le dit le psaume  (2,1-2) de la conjuration des nations et des peuples, des rois de la terre et des magistrats, contre le Seigneur et contre son Christ : Hérode représente les rois, Ponce Pilate les magistrats, et ils ont avec eux les nations païennes et les peuples d’Israël. Ceux dont le roi persécuteur veut s’assurer la complaisance méritent d’être considérés comme les complices de la persécution.