Jean 10, 27-30

« Mon Père et Moi, nous sommes un »

 

Saint Augustin

Les quatre livres de l’accord des évangélistes, OC 8, p. 429s 

Les trois évangiles synoptiques se sont appliqués plus particulièrement à  raconter les actions de la vie mortelle du Sauveur et qui tenaient à sa nature humaine. L’évangéliste saint Jean, au contraire, a considéré surtout la divinité de notre Seigneur qui le rend l’égal du Père, et il mit tous ses soins à en donner aux hommes dans son évangile une connaissance aussi étendue que l’intelligence humaine le permet. Il s’élève donc beaucoup plus haut que les trois premiers. Ceux-ci marchent en quelque sorte sur la terre avec le Fils de Dieu fait homme ; saint Jean, au contraire, traverse et dépasse la nuée ténébreuse qui recouvre toute la surface de la terre, il s’élève jusqu’au ciel où la lumière brille dans toute sa pureté pour y contempler d’un regard, aussi pénétrant qu’assuré, le Verbe qui était au commencement Dieu en Dieu par qui tout a été fait, et reconnaître qu’il s’était fait chair pour habiter parmi nous en s’unissant notre nature, mais sans être changé en notre chair. Car, si l’Incarnation ne s’était pas accomplie, sans altérer l’immutabilité de la nature divine, le Sauveur n’aurait pas dit : Mon Père et Moi, nous sommes un, puisque cette unité n’existe point entre le Père et la chair. 

Saint Jean est le seul qui nous ait rapporté ce témoignage que notre Seigneur se rend à lui-même, Mon Père et Moi, nous sommes un, et ces autres encore : Celui qui m’a vu a vu le Père. Je suis dans mon Père et mon Père est en Moi. Afin qu’ils soient un comme nous sommes Un. Tout ce que le Père  fait, le Fils le fait également.

De même, il est seul, pour ainsi dire, qui ait consigné dans son évangile tous les autres témoignages qui, pour des esprits droits, établissent invinciblement la divinité de Jésus Christ et sa consubstantialité avec le Père. Il semble qu’en se reposant, pendant la Cène sur la poitrine du Seigneur, il a puisé plus abondamment à cette source les secrets de la divinité et s’en est abreuvé avec plus d’intimité.