Cantique des Cantiques 2,8-14 + 8,6-7

La joie de la rencontre

Père Jean Galot

Marie dans l’Evangile, Le Mystère de la Visitation, La rencontre, p. 81s 

 

La rencontre de Marie avec Elisabeth se traduit d’abord par une communication de joie.  Si l’on se souvient que l’exhortation : Réjouis-toi a été adressée à Marie en tant qu’elle tenait la place de Sion, on se rend compte que la Vierge remplit le rôle qui lui est assigné : elle avait reçu la joie au nom de tous, et après l’avoir amassée dans son cœur sur la route, elle la fait déborder sur les autres. Elle commence à partager son bonheur avec l’humanité, et c’est d’abord Elisabeth, symbole de l’Ancien Testament, qui en bénéficie.

La communication de joie se produit dès le moment où Marie salue sa parente : l’enfant d’Elisabeth tressaille dans le sein de sa mère. Dans ce tressaillement physique, ce saut de l’enfant dans le sein maternel, on peut reconnaître la violence de la joie messianique telle qu’elle avait été annoncée par les prophètes. C’est la réalisation des réjouis-toi de l’Ancien Testament, adressés au peuple juif, qui se manifeste dans le contact de Marie avec Elisabeth. Le grand cri poussé par Elisabeth va d’ailleurs confirmer la remarquable énergie de cette joie. Et dans le Magnificat, la première origine du tressaillement de Jean-Baptiste sera indiquée : Mon esprit a tressailli de joie en Dieu mon Sauveur.

Le texte veut ainsi montrer le rayonnement pénétrant du Sauveur présent en Marie. L’intérêt se concentre, non sur Jean-Baptiste, mais sur Jésus. Le tressaillement est interprété aussitôt par Elisabeth comme un signe de la venue du Messie : D’où met-il donné que la mère de mon Seigneur vienne à moi ?

La joie répandue par Marie apporte avec elle une transformation intime de l’âme. Nous le voyons par le fait qu’Elisabeth fut remplie de l’Esprit-Saint. La venue du Messie porté par Marie communique, avec allégresse, une plénitude intérieure. Elle répand l’Esprit-Saint ; et l’on peut observer qu’il y a, dans cette effusion, un indice de la divinité du Messie, puisque sa présence donne l’Esprit divin. Ce don de la plénitude de l’Esprit-Saint, c’est le don en plénitude des biens messianiques, qui sont tous renfermés dans l’effusion de l’Esprit. Aussi est-ce le salut messianique, avec toute sa richesse spirituelle, qui est accordé à Elisabeth.