Luc 24, 46-53

L’Ascension 

Saint Léon le Grand

Sermon pour l’Ascension, Homéliaire patristique, Lex Orandi 8, p. 299s 

 

Si la Résurrection de Notre Seigneur était dans la solennité pascale la matière de notre joie, son Ascension dans les cieux est celle de nos joies présentes : car nous célébrons ce jour et l’honorons suivant les rites, ce jour où la faiblesse de notre nature est élevée au-dessus de toute l’armée du ciel, tous les ordres des anges où, dominant sur toutes les puissances du ciel, elle est allée s’asseoir à la droite du Père.

Les bienheureux apôtres qui avaient été affermis dans leur foi par tant de miracles, instruits par tant d’entretiens avec le Christ, et qui pourtant avaient été ébranlés par l’atrocité de la Passion et qui avaient eu tant de mal à croire la vérité de sa Résurrection, furent tellement fortifiés par l’Ascension du Seigneur, que tout ce qu’ils avaient craint se tourna en joie. Elevant alors leurs esprits jusqu’à contempler sa divinité, ils le voyaient assis à la droite de son Père. La vision de son corps n’était plus un obstacle à leur foi, et leur esprit s’appliquait à concevoir qu’en descendant de chez son Père, il n’avait jamais été séparé de celui-ci, et qu’en montant vers lui, il ne se séparait pas de ses disciples.

Ainsi donc, lorsque le Fils de Dieu eût pris possession de la gloire et de la majesté paternelles, il devint parfaitement et divinement clair que le Fils de l’homme était le Fils de Dieu. Ils comprirent alors que, si le Fils de l’homme s’était éloigné de l’humanité, le Fils de Dieu n’en était que plus près, indiciblement, par sa divinité. Leur foi, plus dégrossie, se mit à accéder intellectuellement à l’idée que le Fils est l’égal du Père, et ils n’eurent plus besoin de toucher la substance corporelle qui était dans le Christ, et par laquelle il est inférieur au Père.

En effet, depuis que son corps a été glorifié sans perdre sa nature, la foi des croyants était appelée à toucher,  non plus d’une main charnelle, mais d’un intellect spirituel, le Fils unique égal à celui qui l’a engendré.

Avançons, frères, sur le chemin de l’amour que le Christ a descendu pour venir à nous ; alors nous pourrons nous élever et parvenir jusqu’à lui-même, en qui se rencontrent honneur et gloire, avec le Père et l’Esprit-Saint, dans tous les siècles des siècles. Amen.