Aggée 2, 11-23

La gloire du Temple a reçu son accomplissement dans l’Eglise du Christ

Saint Augustin

De la Cité de Dieu, Livre XVIII, Chapitre XLVIII, OC 24, p. 471s


Cette maison de Dieu est bien plus glorieuse que la première construite de bois, de pierres et de toutes sortes de matériaux précieux. Aussi, ce n’est pas à la restauration du Temple de Jérusalem que s’est accomplie la prophétie d’Aggée. Depuis cette époque, on n’y voit point briller le même éclat qu’au Temple de Salomon. Bien plus, la gloire de cette maison s’éclipse évidemment par la privation des prophéties et par les désastres que subit cette nation jusqu’à sa ruine sous les Romains. Cette maison, au contraire, inaugurant le Nouveau Testament, est d’autant plus illustre qu’elle est composée de pierres vivantes, bonifiées par la foi et la rénovation spirituelle. Mais elle a été figurée par la restauration du Temple de Salomon, parce que le renouvellement de cet édifice signifie dans le langage prophétique l’autre Testament, c’est-à-dire le Nouveau. Aussi, quand Dieu dit par le prophète Aggée : Je donnerai la paix en ce lieu, il faut entendre ce qui est figuré par ce lieu. Et comme sa restauration est la figure de l’Eglise que le Christ devait fonder, ces paroles, Je donnerai la paix en ce lieu, ne signifient pas autre chose, sinon je donnerai  la paix dans le lieu figuré par celui-ci. Toutes les figures, en effet, remplissent, en quelque sorte, le rôle de la chose figurée. Ainsi l’apôtre dit : La pierre était le Christ, parce que la pierre dont il parle signifie le Christ. La gloire de cette maison du Nouveau Testament est donc plus grande que celle de la première maison de l’Ancien, et elle paraîtra dans cet éclat supérieur au moment de sa dédicace. Car alors viendra le désiré des nations comme le dit le prophète Aggée. En effet, à son premier avènement, il n’était pas encore le désiré de toutes les nations, puisqu’elles ignoraient celui qu’elles devaient désirer, ne croyant point encore en lui. Les élus du Seigneur viendront de toutes les nations, nous dit le texte de la Septante. Alors, les élus seuls viendront, ceux dont l’apôtre dit : Il nous a élu en lui avant le commencement du monde. Et le Créateur lui-même nous dit : Il y a beaucoup d’appelés, mais peu d’élus, pour montrer qu’il ne s’agissait point de ceux qui, étant appelés, devaient être chassés de la salle du festin, mais des élus qui devaient former sa maison, dont la ruine ne sera plus jamais à craindre. Quant à présent, comme l’Eglise est remplie de ceux qui seront séparés de la même manière que la paille est séparée dans l’aire par le veneur, la gloire de cette maison n’est pas si évidente qu’elle le sera au jour où chacun demeurera à jamais à sa place.