Esdras 1,1-8 + 2,68-3,8

La parole est vivante lorsque les actions parlent

Saint Antoine de Padoue

Homélie, 1, 226, Sanctoral franciscain, p. 140s

 

Celui qui est rempli de l’Esprit-Saint parle diverses langues. Des diverses langues sont les divers témoignages rendus au Christ, comme l’humilité, la pauvreté, la patience et l’obéissance. Nous les parlons, quand, en  les pratiquant nous-mêmes, nous les montrons aux autres. La parole est vivante, lorsque ce sont les actions qui parlent. Je vous en prie, que les paroles se taisent, et que les actions parlent. Nous sommes pleins de paroles et vides d’actions ; à cause de cela, le Seigneur nous maudit, lui qui a maudit le figuier où il n’a pas trouvé de fruits, mais seulement des feuilles. La Loi, dit saint Gégoire, a été présentée au prédicateur pour qu’il pratique ce qu’il prêche. Il perd son temps à répandre la connaissance de la Loi, celui qui détruit son enseignement par ses actions.

Mais les apôtres parlaient selon le don de l’Esprit. Heureux celui qui parle selon le don de l’Esprit, et non selon son propre sentiment. Car il y en a qui parle selon leur propre esprit, dérobent les paroles d’autrui, les proposent comme si elles étaient à eux et se les attribuent. C’est de ces gens-là et de leurs pareils que le Seigneur dit en Jérémie : Je vais m’en prendre aux prophètes, parole du Seigneur, qui se dérobent mutuellement mes paroles. Je vais m’en prendre aux prophètes, parole du Seigneur, qui mettent leur langue en mouvement pour dire : parole du Seigneur. Je vais m’en prendre aux prophètes qui ont des songes fallacieux, parole du Seigneur, qui les racontent et qui égarent mon peuple par leurs mensonges et leurs prodiges. Moi, je ne les ai ni envoyés, ni chargés de mes ordres, et ils ne sont d’aucune utilité à ce peuple, parole du Seigneur.

Parlons donc selon ce que l’Esprit Saint nous donne de dire. Demandons-lui humblement et pieusement de répandre en nous sa grâce pour que nous atteignons le chiffre de la Pentecôte, cinquante, en multipliant la connaissance naturelle des cinq sens par l’observation des Dix Commandements ; pour que nous soyons remplis d’un violent esprit de contrition, que nous soyons embrasés par les langues de feu de la profession de notre foi ; enfin pour que, ainsi embrasés et illuminés, nous puissions dans les splendeurs des saints, voir le Dieu unique en trois Personnes.