Abdias 1-21

Le message du prophète Abdias

Père Joseph Trinquet

La Bible de Jérusalem, Fascicule Habaquq, Abdias, Joël,  p. 49s

 

Le livre d’Abdias se rapproche du psaume 137 : tous deux expriment la douleur de l’âme juive humiliée et meurtrie, la même haine d’Edom, l’ennemi abhorré, le même appel à la vengeance selon la plus stricte loi du talion. Pour violents qu’ils soient, ces sentiments ne se restreignent pas aux courtes vues d’un nationaliste laïque. Ils s’inscrivent dans la théologie yahviste de la stricte justice de Dieu qui, dès ici-bas, doit récompenser les bons et punir les méchants. C’est une expression de la foi au juste jugement de Dieu, même si les souvenirs atroces du sac de Jérusalem nourrissent une rancœur qui ne désarmera pas.

 

Dieu n’est pas une divinité nationale dont le pouvoir se limiterait à l’étendue du territoire de ses fidèles. Ce maître suprême et absolu de tous les peuples contrôle leur conduite et les convoque à son tribunal. Abdias s’attache à décrire l’exercice effectif de la justice divine : ce Dieu juste se sert des nations pour punir Edom ; le châtiment est égal aux crimes commis. La même règle s’applique à tous les peuples, lors du Jour de Dieu. Le motif de la condamnation n’est pas leur ignorance ou méconnaissance du culte de Dieu l’unique, mais la violation de la justice naturelle : ils ont étouffé la voix de l’humanité, foulé aux pieds les principes de la morale naturelle dont Dieu est l’auteur et le défenseur. Le triomphe final de Dieu consacre celui de l’ordre moral ; Israël, par ses prophètes, en porte le message. Cette victoire ne peut s’obtenir que par la ruine de ceux qui refusent de se repentir et se réjouissent de leurs crimes. Le salut reste toujours promis aux justes opprimés : c’est leur force et leur lumière dans la lutte qui continue ici-bas entre le bien et le mal.

 

Il ne faut pas isoler la vision d’Abdias de l’ensemble des oracles prophétiques ; elle ne constitue qu’un élément de leurs doctrines et qu’une étape dans le développement de la Révélation. Tout à l’opposé du cri passionné de vengeance du livret d’Abdias, la deuxième partie d’Isaïe connaît un serviteur de Dieu, un juste qui vient expier volontairement les fautes du genre humain et qui, devant ceux qui le frappent, n’ouvre même pas la bouche.