Qohélet  1, 1-18

Vanité des vanités !

Père Gaston Brillet

365 méditations sur la Bible, tome 4, p. 75s

 

Le thème principal du livre de Qohélet, car il y en a beaucoup d’autres, est la vanité de tout : vanité des choses, vanité de l’effort humain et de la vie.

La phrase : Toute la peine que prend l’homme sous le soleil, n’exprime pas le même problème que le livre de Job : celui de la souffrance du juste. Il ne dit pas que la peine du juste est injuste, il dit que, peine du juste ou de l’impie, elle est vaine. Elle n’a ni utilité, ni sens. Il le montre d’abord par le tableau du flux des choses : les âges, le soleil, le vent, les fleuves.

Tout cela va et vient. Rien de nouveau. Ce qui paraît nouveau fut et a été oublié.

Inutile de chercher là une philosophie, celle d’Héraclite moins que toute autre. Le sage israélite n’a pas cette profondeur de pensée. Il a une expérience de la vie.

La vanité de l’effort humain est à peine indiquée, si elle l’est, par les mots : Personne ne peut dire que les yeux n’ont pas assez vu… Il y reviendra amplement.

Le dernier mot de cette sorte de prologue ajoute, sans que l’auteur le veuille particulièrement, une note pathétique : …et il y aura l’oubli.

C’est sur ces premières paroles désabusées, lasses, sceptiques : Vanité des vanités, tout est vanité, les seules que la plupart des gens connaissent, qu’on s’est fait l’idée du livre.

Or le livre est pénétré de foi. Son dernier mot, qui est le fond de la pensée du mystérieux Qohélet, ou l’Ecclésiaste, est : Crainte de Dieu.

Il est un Israélite fidèle, mais il est un éducateur : il parle pour ceux que le mouvement des idées a atteints, qu’une expérience de la vie a déçus et qui, eux, sont peut-être en danger de perdre la foi.

Et, sage et plein de sympathie intellectuelle, il entre dans le mouvement des idées et dans leur inquiétude. Il ne dit pas non aux réalités de la vie et de leur âme. Il concède, il accorde, il affirme même.

Mais il veut qu’ils regardent plus profondément, plus largement, avec une sagesse qu’il leur apporte et une foi qu’ils n’ont pas perdue, la vie et leur âme.

Ils sont, et il est, très proches de nous. Il a beaucoup à nous dire si, nous aussi, nous voulons nous ouvrir à sa sagesse et élargir, approfondir notre foi.

En particulier, il a, par ses idées et surtout par sa méthode, beaucoup à dire aux maîtres. Cette sympathie d’esprit et de cœur pour ses auditeurs, cette souplesse qui est de la bonté et de la pitié, cette grâce mélancolique des paroles, sont autant de leçons pour nous.

Et à la fin, il les aura conduits à plus de lumière, de paix et de courage.