Luc 12, 49-53

La venue de Jésus

Philippe Bossuyt et Jean Radermakers

Jésus, Parole de la grâce selon saint Luc, p. 312s

 

L’évangile de ce jour, décrivant la venue-jugement de Jésus, complète en quelque sorte l’avertissement de la parabole du voleur : cette venue est imprévue, mais, de plus, elle apporte la division entre les hommes. Deux expressions décrivent cette venue : le feu jeté sur la terre et le baptême à recevoir. S’agit-il du feu du jugement divin maintenant, ou du feu à la fin des temps ? Ou s’agit-il plutôt du don de l’Esprit-Saint à la Pentecôte ? 

En effet, Jean, le prophète, annonçait : Lui vous baptisera dans l’Esprit-Saint et le feu, et Jésus reprend au début des Actes des Apôtres : Vous, c’est dans l’Esprit-Saint que vous serez baptisés sous peu de jours. On peut penser que pour Luc, Jésus attend le don de l’Esprit comme le terme de sa mission terrestre. Devant l’embrassement du monde qu’il envisage comme le but de sa tâche, Jésus apparaît tout tendu dans une attente ardente. 

Quant au baptême, il est expliqué généralement, soit comme une annonce de la Passion, l’eau symbolisant alors l’épreuve, soit comme une image de jugement, soit encore comme la mort de Jésus préalable au don de l’Esprit-Saint.

Quoi qu’il en soit de la manière dont les images fonctionnent, il est clair que Jésus fait ici allusion au mystère de sa mort, sur lequel les hommes vont buter. Cette venue, feu et baptême, entraînera la division à l’intérieur de chaque maison, communauté de vie ou relation de sang. Leur unité semble une chose acquise, comme les cinq doigts de la main ; pourtant face à la venue de Jésus, rien ne va de soi, tout est bouleversé.

Dès lors, à chacun de prendre ses responsabilités, en homme de confiance intelligent, c’est-à-dire qui a compris que tout lui est donné par le Père au service des autres, en homme fidèle, c’est-à-dire qui agit dans le droit fil de l’intention du Père. Tel est donc le message : Votre Père a eu la bienveillance de vous donner, faites de même : donnez à chacun, au temps de l’attente et de la venue de Jésus, selon la mesure surabondante qui rappelle la mesure belle, tassée, secouée, débordante, la mesure du cœur de Dieu.