Zacharie 14, 1-21

La royauté universelle de Dieu, célébrée au pèlerinage annuel des Tentes

Père Théophane Chary

Agée, Zacharie, Malachie, p. 64s

 

Les versets 16-21 sont le couronnement de tout le chapitre, et même, dans la pensée du rédacteur, de tout le livre. La fête des Tentes ou des Huttes est de loin la plus importante de l’année. Son caractère primitif de fête agricole est perceptible par la mention de la pluie. La célébration de la royauté de Dieu pendant ces huit jours ne provient pas d’une fête d’intronisation israélite ; la royauté de Dieu est un bien propre à Israël qui remonte loin dans sa tradition antérieure.

Pour notre passage, il convient de remarquer le caractère de cette royauté. Non seulement elle est universelle, touchant toutes les nations, mais elle est basée sur un Reste chez les étrangers. Il est sous-entendu que la grande bataille finale a constitué, pour les païens eux-mêmes, une purification et l’occasion d’une conversion ; ils reçoivent donc un traitement parallèle à celui d’Israël. 

L’auteur présente sa vision finale : la sainteté totale de la nouvelle Jérusalem. Tout y sera sacré, ou plutôt toute distinction entre le sacré et le profane sera effacée. Le pays tout entier devient un nouveau paradis ; le cheval, monture de la guerre, est désormais dans le monde entier au service d’une paix religieuse perpétuelle ; le culte offert par l’univers entier concentré à Jérusalem, à la fête, n’est plus handicapé par un rituel paralysant : il sera un culte spirituel. 

Les Samaritains, coupés par le schisme du centre vital d’où jaillissent les eaux vives, sont exclus de la Terre Nouvelle. Ils représentent en l’occurrence la massa damnata qui n’a pas accès à la Jérusalem définitive. Le Cananéen, lui, est comme le Samaritain contemporain, le type de l’opposition irréductible de ceux que l’Apocalypse jettera sans rémission hors de la Jérusalem céleste : Dehors les chiens, les sorciers, les impurs, les assassins, les idolâtres et tous ceux qui se plaisent à faire le mal !, peut-on lire en 21,15. Cette évocation de la fête des Tentes, avec son riche symbolisme messianique, constitue la meilleure conclusion de ce livre où l’attente du salut se fait si intense sous sa multiple expression.