Luc 13, 22-30

« Efforcez-vous d’entrer par la porte étroite »

Père Léopold Sabourin

Les noms et les titres de Jésus, p. 78s

 

L’image de la porte peut évoquer plusieurs contextes. Dans l’idée des anciens, le ciel est un lieu fermé, situé au-dessus de la terre. On y accède par des portes, ou par une porte, celle qui a livré passage au rédempteur, descendu ici-bas, et celle qui introduit là-haut les rachetés. Rappelez-vous l’échelle des anges dans le songe de Jacob, auquel se réfère la prophétie de Jésus à ses apôtres : Vous verrez le ciel ouvert et les anges de Dieu monter et descendre au-dessus du Fils de l’homme. Dans cet épisode du patriarche itinérant, le lieu de la théophanie est appelé porte du ciel. Le voyant de l’Apocalypse s’exprime ainsi : J’eus ensuite la vision que voici : une porte était ouverte au ciel, et la voix que j’avais naguère entendu me parler comme une trompette me dire : Monte ici. Lors d’une autre théophanie, celle du baptême de Jésus, les cieux se déchirèrent, comme pour répondre à la prière prophétique : Ah ! Si tu déchirais les cieux et si tu descendais…

En disant Je suis la porte, le Sauveur avait présent à l’esprit le verset du psaume 117 : C’est ici la porte du Seigneur, les justes entreront. C’est que dans cette perspective, Jésus est le vrai Temple de Dieu.

Saint Augustin, dans son sermon sur le psaume 117, avec le psalmiste, demande à Dieu : Ouvre-moi les portes de justice : j’entrerai, je rendrai grâce. C’’est ici la porte du Seigneur : le juste y entrera. Les portes du ciel sont donc les portes de la justice, c’est par elles qu’entreront les justes. Et saint Augustin d’ajouter : Voilà que nous connaissons les portes ; quel en est l’intérieur ? Au moins, que nul homme injuste ne puisse ces franchir pour entrer dans cette Jérusalem qui ne reçoit aucun incirconcis, et où l’on dit : loin d’ici les chiens. Qu’il me suffise dans mon pèlerinage terrestre d’avoir habité dans les pavillons de l’empereur, d’avoir gardé la paix avec ceux qui n’aimaient pas la paix, d’avoir supporté jusqu’à la fin d’avoir vécu avec les méchants, de me trouver devant les portes du ciel et de pouvoir dire : voici les portes du Seigneur, c’est par là qu’entreront les justes.