Zacharie 11,4 – 12,8

« Tiens bon ! »

Sainte Claire

2ème lettre à Agnès de Prague, Trésors de Christianisme, Ecrits, p. 184s

 

Je rends grâce au dispensateur de la grâce, de qui nous croyons qu’émanent tout don excellent et toute donation parfaite, parce qu’il t’a ornée de tant de titres de vertus et t’a fait briller des insignes de tant de perfection, pour que, devenue imitatrice attentive du Père parfait, tu mérites de devenir parfaite, afin que ses yeux ne voient en toi rien d’imparfait.

Telle est cette perfection par laquelle le Roi lui-même t’associera, là où il siège sur un trône étoilé, parce que, comptant pour peu les sommets du royaume terrestre, devenue émule de la très sainte pauvreté en esprit de grande humilité et d’ardente charité, tu t’es attachée aux traces de celui que tu t’efforces de servir.

Mais comme j’ai appris que tu es chargée de vertus, bien que rien ne te paraisse superflu de ce qui pourrait t’apporter quelque consolation. Mais parce qu’une seule chose est nécessaire, j’atteste cette seule chose et je t’avertis, par l’amour de celui à qui tu t’es offerte en sainte et agréable hostie, de garder mémoire de ton propos, regardant toujours ton commencement.

Ce que tu tiens, tiens-le ; ce que tu fais, fais-le et ne le lâche pas, mais d’une course rapide, d’un pas léger, sans entraves aux pieds, pour que tes pieds ne ramassent pas la poussière, sûre, joyeuse et alerte, marche prudemment sur le chemin de la béatitude, ne croyant rien, ne consentant à rien qui voudrait te ramener de ce propos qui poserait sur ta route un scandale pour tu accomplisses par tes vœux au Très-Haut dans cette perfection où l’Esprit du Seigneur t’a appelée.

Et si quelqu’un te disait autre chose, te suggérait autre chose qui empêcherait ta perfection, qui paraîtrait contraire à la vocation divine, bien que tu doives le vénérer, refuse d’imiter son conseil, ami vierge pauvre, embrasse le Christ pauvre.

Vois que pour toi il s’est fait méprisable et suis-le, te faisant pour lui méprisable en ce monde. Regarde-le, considère-le, contemple-le, désirant imiter ton époux, le plus beau des fils des hommes, qui, pour ton salut, s’est fait le plus vil des hommes, méprisé, frappé, et sur tout le corps flagellé de multiples façons, mourant dans les angoisses mêmes de la croix.

Si tu souffres avec lui, avec lui tu régneras ; t’affligeant avec lui, avec lui tu te réjouiras ; mourant avec lui sur la croix de la tribulation, avec lui tu possèderas dans les splendeurs des saints les demeures célestes, et ton nom sera noté au livre de vie, il sera glorieux parmi les hommes.

C’est pourquoi pour l’éternité et les siècles des siècles, tu auras part à la gloire du royaume céleste en échange des choses terrestres et transitoires, aux biens éternels en échange des biens périssables et tu vivras dans les siècles des siècles.