Jonas 3,1 – 4,11

La vie de prière de saint Dominique

Jourdain de Saxe, cité par le Père M. H. Vicaire

Histoire de saint Dominique, tome I, Un homme évangélique, p. 119s

 

Au début de sa vie religieuse déjà, Dominique faisait alterner, dans sa prière, la lecture des textes des Pères avec la récitation publique de l’office dans la cathédrale d’Osma ; il affectionnait tout particulièrement les Conférences des Pères du désert de Jean Cassien. Ce livre, nous dit Jourdain de Saxe, fit parvenir Dominique à un degré difficile à atteindre de pureté de conscience, à beaucoup de lumière sur la contemplation et à un grand sommet de perfection.

Pour lui, la récitation de l’office canonial était la charge et le privilège du clerc qu’il était, et particulièrement du chanoine, parce que cela avait été la charge des apôtres eux qui chaque jour, tous ensemble, fréquentaient le Temple. Dominique trouva toujours dans la récitation de l’office canonial la force et la joie, même aux moments les plus agités de sa vie, même sur les grandes routes ; lui qui, au dernier jour, harassé de fatigue et déjà touché par la mort, s’en irait encore chanter matines, au milieu de la nuit, avant de se coucher pour toujours. Aussi, quittait-il peu l’Eglise et, pour racheter le temps de sa contemplation, n’apparaissait-il pour ainsi dire jamais en dehors de l’enceinte du monastère. 

Dieu lui avait donné une grâce spéciale de prière pour les pécheurs, les pauvres, les affligés, poursuit Jourdain de Saxe ; il en portait les malheurs dans le sanctuaire intime de sa compassion et les larmes qui sortaient en bouillonnant de ses yeux manifestaient l’ardeur du sentiment qui brûlait en lui-même. C’était pour lui une habitude très courante de passer la nuit en prière. La porte close, il priait son Père. Au cours de ses oraisons, il avait accoutumé de proférer des cris et des paroles dans le gémissement de son cœur. Une de ses demandes fréquentes et singulières à Dieu était qu’il lui donnât une charité véritable et efficace pour s’attacher à procurer le salut des hommes, car il pensait qu’il ne serait vraiment membre du Christ que le jour où il pourrait se donner tout entier, avec toutes ses forces, à gagner des âmes comme le Seigneur Jésus, Sauveur de tous les hommes, se consacra tout entier à notre salut.