Joël 2, 12-27

Le sermon du prophète

Carl Keller

Osée, Joël, Amos, Abdias, Jonas, p. 128s

Le prophète Joël ne se contente pas d’une simple récitation de la Parole de Dieu. Il l’explique, il prêche. Le premier point de son sermon concerne les modalités du retour. Ce n’est pas tout d’avoir esquissé les gestes visibles du retour, il faut aussi qu’on déchire le cœur et non les vêtements. Cette mise en garde apparaît souvent à l’époque (Jérémie, Ezéchiel, le psaume 51) ; elle contient aussi le commentaire authentique et correct de tous les propos concernant le cœur. Dans sa prédication, Joël ne veut qu’interpréter la Parole de Dieu conformément à la teneur de la foi orthodoxe

Dans le second point de son sermon, le prophète s’interroge : Qui est le Dieu qui nous invite à nous repentir ? Ici, le sermon prend de l’ampleur théologique. Certes, le Dieu du Jour n’accorde aucun répit à un être qui refuserait de se soumettre. Seulement, ce Dieu redoutable est miséricordieux, c’est pourquoi la contrition a un sens. Joël cite des formules traditionnelles, il rappelle à ses auditeurs la confession de foi de l’Eglise (Exode, Psaumes, Jonas, Néhémie). Dieu est caractérisé par la sollicitude, la bienveillance à l’égard d’un subordonné ; il est caractérisé par l’amour passionné, instinctif, de la mère pour son enfant ; il est aussi caractérisé par la longueur du nez (en hébreu, cette expression n’a aucune nuance péjorative ou ridicule !), le nez désignant la personne qui s’emporte : son nez met du temps à s’échauffer ! Ce qui veut dire que Dieu ne s’irrite pas facilement. Pour Joël, le Jour de Dieu n’est donc pas la manifestation de la colère divine, le prophète ne parlant jamais de la colère de Dieu. Dieu est caractérisé par l’envergure de son dévouement fidèle envers ceux auxquels il est attaché. Il est enfin caractérisé par le désir de revenir sur une décision et de rétablir la situation normale. Les cinq articles de la foi d’Israël sont autant de définitions de Dieu : Dieu est un souverain bienveillant, une mère aimante, un sage accompli (le sage se distinguant en premier lieu par l’empire sur soi-même), un associé fidèle, un gouverneur habile.

Dans le troisième point du sermon, il parle de l’espoir qui se rattache à la repentance. Dieu est libre, lui seul se dicte son comportement. Néanmoins, l’homme a le droit d’espérer que Dieu tiendra compte de la repentance ; celle-ci est une force créée par une parole efficace, une force qui produit la vie en abondance : la paix, la fécondité, la nourriture.