Joël 3,1 – 4,8

L’Esprit de Dieu répandu sur tous les peuples

Père Pierre Buis

La Pentecôte à la lumière de la prophétie de Joël, AS 30, p. 19s

 

L’Ancien Testament parle assez souvent de la venue de l’Esprit-Saint chez les hommes. Le texte de Joël que nous venons d’entendre n’est pas un texte isolé, et il est facile de l’éclairer par d’autres textes, avec toutefois cette difficulté qu’il regroupe des aspects qu’on rencontre habituellement séparés. Car le don de l’Esprit a plusieurs effets possibles.

Dans la plupart des cas, l’Esprit est donné à ceux qui reçoivent une mission spéciale à l’intérieur du peuple de Dieu. Le souffle du Seigneur vient les animer pour les mettre à la hauteur de leur tâche, qu’il s’agisse d’une action guerrière, du gouvernement d’une nation, ou simplement de l’exécution d’un travail.  Et plus d’une fois la présence de l’Esprit de Dieu sera manifestée par l’extase prophétique. Pour ne citer qu’un exemple, le sacre de Saül se termine par cette annonce de Samuel : A l’entrée de la ville, tu te heurteras à une bande de prophètes descendant de haut-lieu, précédés de la harpe, du tambourin, de la flûte et de la cithare ; ils seront en délire. Alors l’Esprit de Dieu fondra sur toi, tu entreras en délire avec eux et tu seras changé en un autre homme.

Le mot qu’on traduit souvent par prophétiser est rendu ici par entrer en délire, en transes, ce qui s’imposerait en bien d’autres cas, en particulier dans notre texte du prophète Joël : Vos fils et vos filles prophétiseront.

Dans cette optique, on doit conclure que le peuple à qui est donné l’Esprit de Dieu le reçoit en vue d’une mission. Mais laquelle ? Le prophète Joël, dans le chapitre suivant (4,8.19), en indique bien une : Israël se voit chargé de châtier ses ennemis, d’être l’exécuteur de la sentence portée contre eux par le Seigneur. De fait, c’est à peu près la seule mission attribuée à Israël dans tout l’Ancien Testament.

Pourtant Moïse et bien d’autres souhaite que tout le peuple ne compte que des prophètes pour les voir tous connaître directement le Seigneur ; ce souhait devient promesse chez Jérémie (31,34) : Tous me connaîtront du plus petit au plus grand. Et Joël insiste plus encore que ses devanciers sur l’universalité du don de l’Esprit, source de la connaissance immédiate : Sur vos fils et vos filles, sur vos anciens, sur vos jeunes gens, même sur les esclaves, Je répandrai mon Esprit. Bref, sur toute chair. Cette expression, chez Joël, ne dépasse pas les limites du peuple élu. Avec le Nouveau Testament, viendra l’annonce de l’éclatement de toutes les frontières du peuple de Dieu : l’Eglise s’ouvrira aux païens.