Qohélet 5,9 – 6,8

« Qui aime l’aisance n’a pas de revenu »

Saint Ambroise de Milan

Richesse et pauvreté ou Naboth le pauvre, PdF 4, p. 51s

 

Tu es le geôlier de tes biens et non leur souverain, toi qui enfouis ton or dans la terre, tu en es le serviteur et non le maître. Mais là où est ton trésor, là aussi est ton cœur. Et cet or, c’est donc ton cœur que tu as enterré. Vends plutôt ton or et achète le salut : vends le minéral et acquiers le royaume de Dieu, vends le champ et rachète pour toi la vie éternelle. Je dis en cela la vérité, parce que je m’appuis sur la parole même de celui qui est la Vérité. Si tu veux être parfait, vends tout ce que tu possèdes et donnes-en le prix aux pauvres. Tu te constitueras ainsi un trésor dans le ciel. Et ne t’attriste pas d’entendre ces mots, de peur qu’il ne te soit dit la même parole qu’au jeune homme riche : Qu’il est difficile à ceux qui possèdent des biens d’entrer dans le royaume de Dieu. Plus même, lorsque tu lis cette sentence, considère que la mort peut t’arracher ces biens, que la violence d’un puissant peut te les ravir. 

Tu ne sais pas, ô riche, amonceler des trésors. Si tu veux être riche, sois pauvre selon le monde, afin d’être riche selon Dieu. L’homme qui est riche de foi, de miséricorde, de simplicité, de sagesse, de science est riche selon Dieu. Les pauvres apparents sont en réalité dans l’abondance, tandis que les soi-disant riches sont dans le besoin. Je dis que les pauvres sont dans l’abondance, ceux du moins dont la pauvreté intérieure rejaillit en richesses de simplicité, tandis que les riches sont dans le besoin et la disette. Elle n’est pas vaine la parole de l’Ecriture dans le livre des Proverbes (22,7) : Les pauvres sont les pourvoyeurs des riches, et les serviteurs prêteront à leurs propres maîtres, parce que les riches et les maîtres sèment du grain stérile et mauvais dont ils ne recueillent pas de fruit, mais seulement des épines. Et c’est pourquoi les riches seront soumis aux pauvres et les serviteurs prêteront des biens spirituels à leurs maîtres. C’est ainsi que le riche suppliait Lazare de lui faire l’aumône d’une goutte d’eau. Toi aussi, ô riche, tu peux pratiquer cet avis : donne au pauvre et tu prêtes ainsi au Seigneur. Car celui qui donne au pauvre prête au Seigneur.