Jean 1, 47-51

« Vous verrez le ciel ouvert et les anges de Dieu monter et descendre »

Père Xavier Léon-Dufour

Lecture de l’évangile selon saint Jean, Tome 1, p. 198s

 

Si le ciel est ouvert, c’est que les anges montent et descendent sur le Fils de l’homme. Jésus évoque la vision de Jacob à Béthel où Dieu parle à Jacob lui confirmant la Promesse et l’assurant qu’il sera avec lui dans sa mission. 

La parole de Jésus : Vous verrez les anges de Dieu monter et descendre sur le Fils de l’homme, annonce qu’en lui l’Alliance est présente sur la terre : sa personne est le lieu où Dieu se manifeste et se communique aux hommes. Jésus est le nouveau Béthel, la nouvelle maison de Dieu

Avant le songe, Jacob ignorait que Dieu lui-même était présent en ce lieu ; les disciples autour de Jésus ne le savaient pas encore. Jésus, lui, exulte de joie, car il a pleinement conscience que par lui, en relation ininterrompue avec le Père, se réalisera la communion définitive entre le ciel et la terre, entre Dieu et les croyants. S’il utilise les termes prêtés par la tradition à son ancêtre, c’est pour souligner la continuité du dessein de Dieu et faire entrevoir aux disciples son propre rôle.

Pour annoncer cet avenir qui le concerne lui-même et les croyants, Jésus n’emploie pas le pronom personnel Je ; il s’efface derrière un titre d’origine apocalyptique : Le Fils de l’homme. Traditionnellement, cette appellation se trouve dans des contextes eschatologiques concernant la venue du Juge. A sa manière, cette parole de Jésus fait écho à une sentence conservée par la tradition synoptique ; or cette tradition synoptique présente une évolution : alors qu’en Marc il s’agit de la parousie, Matthieu et Luc appliquent la parole au temps qui suit immédiatement la résurrection de Jésus : c’est désormais que le Fils de l’homme exerce le jugement. La parousie est ainsi anticipée dans le temps pascal qui est le temps de l’Eglise. Avec Jean, le mouvement d’anticipation rejoint l’existence de Jésus de Nazareth : c’est dès son ministère que le ciel s’unit à la terre.