Siracide 26, 1-4 + 9-18

La femme toujours la première

Saint Pierre Chrysologue

Sermon LXXIX, p. s

 

Pourquoi les femmes sont-elles là, les premières, devant le tombeau du Christ ? Pourquoi, ne Le trouvant pas, se mettent-elles à sa recherche, sans se lasser ? Qu’est-ce qu’elles attendent donc si obstinément, dans la nuit qui se mêle aux ténèbres de la mort ?

Voyez, la femme est toujours la première. Elle a été, certes, à la source du mal, sur le chemin de la mort, nous condamnant au malheur. Mais c’est elle, qui, la première, s’ouvre aux larmes et au chagrin. Elle est d’autant plus forte dans la peine qu’elle s’est trouvée devant l’épreuve. Aussi, ses larmes ont-elles raison des armes, capables de changer la face du monde ; ses pleurs finissent par atteindre le cœur des hommes.

Ne nous étonnons donc pas que les femmes de l’Evangile aient devancé, dans leur ardeur, les apôtres du Seigneur. 

Celle qui s’est précipitée dans la chute, la voilà qui court la première au tombeau du Christ. Celle qui a été une messagère de mort, devient, la première un témoin de la Résurrection. Celle qui avait ouvert l’homme à ce qui fut sa ruine, la voilà qui lui porte aujourd’hui l’annonce du salut. Le dialogue qui avait si habilement fait perdre la grâce, aujourd’hui le langage de la foi le répare.

Tel est le plan mystérieux de Dieu. Les apôtres ne se voient nullement supplantés par les femmes, ils sont appelés à un plus grand ministère. Ce sont elles qui se chargent d’ensevelir le Seigneur ; eux-mêmes prêcheront le Christ livré et crucifié. Elles lui offriront leurs aromates ; les apôtres s’exposeront aux supplices de leur apostolat.

Qui peut comprendre pourquoi le Seigneur est né parmi les hommes ? Il a voulu naître du sein d’une femme. Qui aurait pu prendre connaissance de ce mystère si le Seigneur lui-même ne l’avait révélé ?

Né de la femme, il a voulu, homme authentique, vivre notre condition humaine ; Il a voulu avoir faim et être allaité par la femme, Lui qui pourvoit à la nourriture de tous les vivants. Et Celui qui a reçu les soins de la femme, nous qui manquons de foi, ne soyons pas surpris qu’Il ait rencontré les hésitations, la faiblesse des apôtres.