Siracide 38,24 – 39,11

« Il met tout son cœur à bien faire son travail »

Anonyme

Règle du Maître, 50, 1 – 26

 

Quand les offices divins cessent au cours de la journée, nous ne voulons pas que les intervalles où l’on cesse de psalmodier les Heures, se passent dans l’oisiveté, de crainte que l’oisiveté d’un moment n’engendre une perte pour des siècles, puisque l’homme oisif fait œuvre de mort et il est tout le temps en proie à des désirs. Au contraire, lorsqu’un frère travaille en fixant les yeux sur son travail manuel, il occupe son esprit à ce qu’il fait, il n’a pas le temps de songer à rien, et il ne sombre pas dans les flots des désirs. En effet, sa pensée ne se dessèche pas dans des distractions provenant des yeux, dès lors que sa main, occupée avec son esprit, exécute quelque chose. De plus l’apôtre Paul dit : Celui qui ne veut pas travailler qu’il ne mange pas non plus ! Il doit donc y avoir après les offices de Dieu du travail corporel, autrement dit manuel, afin qu’il y ait de quoi donner à l’indigent et qu’ainsi les œuvres de bienfaisance s’ajoutent aux bonnes actions. Aussi faut-il que dans l’espace entre les différentes heures prennent place différents exercices actifs. 

Aussitôt sortis de la prière, tous les prévôts prendront les ordres de l’Abbé, lui demandant quel travail il ordonne à leur dizaine d’accomplir. Quand il aura assigné à chaque dizaine un travail manuel différent, obéissants aussitôt et dirigés par leurs prévôts, les frères accompliront le travail manuel qui leur est assigné en gardant toujours le silence, sans omettre l’oraison avant le début du travail, et l’autre oraison après avoir terminé. Si nous disons que les frères doivent toujours observer le silence, c’est pour que leur bouche soit à toute heure gardée de la parole et qu’ainsi ils ne commettent point de péché de la langue. Voici cependant quel silence les frères doivent garder tout en travaillant : s’abstenir des bavardages déréglés, des choses séculières et des paroles oiseuses sans rapport avec le sujet. Car pour ce qui est de réciter les psaumes, de répéter des textes scripturaires ou de dire quelque chose de Dieu, pourvu que ce soit en l’absence de l’Abbé, mais humblement et à voix basse, les frères en auront la permission à n’importe quel moment.