Siracide 35, 1-18

Le véritable sacrifice dû à Dieu

Père Dalmazio Colombo

Réflexion d’un sage sur le culte, AS 61, p. 55s

 

Dans la lecture que nous venons d’entendre, Sirac aborde la question du véritable sacrifice qui plaît au Seigneur. Les trois premiers versets ont une importance toute particulière pour comprendre la spiritualité des Juifs de la Diaspora et celle des Pharisiens qui commençait peut-être à se constituer en ce temps-là. L’observance de la Loi et l’accomplissement scrupuleux de ses préceptes l’emportent en valeur sur les sacrifices établis par Moïse. On ne va pas jusqu’à dire totalement abolis les sacrifices extérieurs puisque cette même Loi de Moïse les prescrit, mais Sirac énumère un certain nombre d’exigences morales qui lui paraissent constituer un fondement solide du culte extérieur.

Cette manière n’est pas nouvelle ; l’originalité de Sirac se trouve ailleurs. Pour lui, en effet, la valeur du sacrifice tient à la vertu personnelle, à l’obéissance totale à la Loi, envisagée essentiellement comme norme morale de vie, et non d’abord comme un ensemble de prescriptions cultuelles. Concrètement, et ceci a une grande importance dans la perspective théologique, Sirac envisage successivement les quatre sacrifices principaux institués par la loi de Moïse, qui, d’après les maîtres de l’époque, faisaient, pour une bonne part, la valeur propre du mode de vie des Juifs. A son avis, le sacrifice pacifique ou de communion a moins de valeur que l’observance parfaite de la Loi ; le sacrifice de fleur de farine qu’on offrait spontanément à Dieu, ne vaut pas un geste de reconnaissance spontanée à l’égard du prochain ; le sacrifice de louange, également offert en privé, reste sans valeur s’il n’est pas accompagné d’une aumône ; enfin le sacrifice expiatoire suppose qu’on se détourne du mal, et qu’on n’a pas d’injustice dans le cœur.

Il est vrai, ajoute Sirac, qu’on ne doit pas paraître devant le Seigneur les mains vides. Il précise aussitôt que l’offrande qui réjouit l’autel, le parfum qui s’élève devant le Très-Haut, les bonnes dispositions de l’homme juste sont les dons qu’il convient d’offrir. Mais plus précisément encore, les actes d’obéissance, de miséricorde et de justice sont présentés comme le véritable culte spirituel agréable à Dieu. C’est déjà une anticipation de ce que dira le Nouveau Testament.