Siracide 42,15-25 + 43,27-33

« Il est le Tout »

Dom Hilaire Duesberg

Bible et Vie Chrétienne, 54, p. 29s

 

Cette effusion lyrique que nous venons d’entendre s’intercale entre l’éloge de la Création (42,15-43) et celui des Pères (44,1-50). C’est un hymne au Créateur qui agença le monde pour qu’il parlât de Lui aux hommes, et qui, par un système d’alliances, a suscité un lignage spirituel de sages, de héros, de voyants qui l’annoncent indéfectiblement au cours des âges. Les Pères et la Nature concordent dans un même message : cette bonne nouvelle qu’il est un maître condescendant, attaché à ses créatures.

Ce passage est un palier où Sirac reprend haleine avant de poursuivre sa course à travers le champ des merveilles que découvre son esprit. Son cœur échauffé par l’évocation des mystères que révèle le spectacle du monde et que le souvenir du passé d’Israël prolonge, donne libre cours à son enthousiasme ; il élève les yeux vers Celui dont la Sagesse a donné leur nom aux astres comme aux saints, les disposant tels que des flambeaux pour illuminer les regards et les âmes.

C’est ce scribe de la Loi qui chante de la sorte sur ceux qu’il n’a cessé de relire dans le texte sacré. Il en est l’écho fidèle, mais non servile. Sur la trame du tissu scripturaire, il brode. C’est évident quand il s’agit des Pères ; ce l’est également quand il parle des éléments bruts qu’anime et guide vers ses fins la Providence.

Mais c’est bien autre chose qu’une glose savante, un épluchage de mots, une technique d’école. Sirac nous offre la synthèse des réflexions que sa lecture lui inspira. A l’usage de ses lecteurs, il se livre à la métaphysique ; il les initie à la théologie, la science des choses divines, fruit d’un ruminement continu de la Révélation. Or sa théologie, à lui, est inspirée : Qu’il plaise au Très-Haut, son esprit sera rempli d’intelligence ; lui-même à flots répandra ses sages propos. Lisons et relisons cette page de théologie biblique pour apprendre à spéculer sur les textes et à en extraire la moelle… Sans nous flatter d’ailleurs que nous en tarirons la veine : Le premier n’épuisa jamais son étude, non plus que le dernier ne l’a sondée jusqu’au fond, car plus vaste est que l’océan sa pensée et ses conseils sont profonds plus que le grand Abîme. Pour moi, je suis comme un canal d’irrigation, comme une prise d’eau arrosant un paradis.