Siracide 11, 12-28

« Tout vient de Dieu »

Saint Augustin

Questions sur l’Ancien Testament, OC 11, p. 238s

 

Comment Salomon peut-il dire, d’un côté, que Dieu n’a point fait la mort (Sagesse 1,13), et d’une autre côté, ailleurs (Siracide 11,14) que Bien et mal, vie et mort, pauvreté et richesse, tout vient de Dieu.

Personne ne doute que tous les biens viennent de Dieu ; quant aux maux dont il est ici question, ils ne sont tels que lorsqu’ils servent à nous châtier. C’est ainsi que Dieu parle aux pécheurs par son prophète : Je vous ferai du mal, c’est-à-dire je vous châtirai. Or, la vie et la mort nous sont représentées comme venant de Dieu, parce qu’il a donné la Loi qui promet la vie à ceux qui l’observent, et menace ceux qui la transgressent de la mort qui est appelée la seconde mort. Comme c’est Dieu qui rend à chacun ce qu’il mérite, c’est de lui que viennent, ou la sentence de vie, ou la condamnation à mort. Dieu n’est donc pas l’auteur de la mort, mais le juge : l’auteur de la mort, c’est le péché. Comment donc Dieu aurait-il pu faire la mort, lui qui ne connaît point le péché ? C’est parce qu’il rend au péché ce qui leur est dû, que l’Ecriture dit que la mort vient de lui, bien qu’elle n’en vienne pas en réalité, mais de celui qui a péché ; c’est dans le même sens que la pauvreté et la richesse viennent de Dieu. Il en est quelques-uns qui, sous l’impression de la crainte de Dieu, méprisent les plaisirs des sens, fuient les prodigalités de la vie, ne détournent point les yeux du pauvre et de l’indigent, et accumulent ainsi de véritables trésors, car il est écrit dans les Proverbes (13,18) : L’amour de la règle fait disparaître la misère et l’ignominie. Mais ceux qui n’ont point la crainte de Dieu, qui vivent sans règle et sans frein et méprisent le pauvre, seront dans l’indigence, suivant ce qui est écrit : Ils ont été pleins, non seulement de négligence et d’imprévoyance pour leurs intérêts, mais de mépris pour la Loi qui leur était donnée. C’est donc dans ce sens que Dieu a fait les pauvres et les riches ; comme la transgression de la Loi produit la pauvreté, on attribue cet effet à Dieu, auteur de la Loi, et lorsque d’autres, par crainte de ses jugements, sont fidèles aux prescriptions de la Loi, on dit également que c’est Dieu, auteur de la Loi, qui les enrichit.