Siracide 14,20 – 15,10

La Sagesse personnifiée

Père A. M. Dubarle

Les Sages d’Israël, p. 156s

 

La Sagesse commence à prendre la parole et à exhorter ses enfants, c’est-à-dire ses disciples. Elle se donne comme une éducatrice pleine de sollicitude. Mais à ses magnifiques promesses, elle joint de graves avertissements. Elle soumettra les siens à de rudes épreuves avant de leur révéler ses secrets ; durant ce temps, elle sera déguisée et le disciple ne verra pas qu’il est ainsi accompagné et observé par un personnage aussi auguste. L’école de la Sagesse comporte une période d’obscurité  où il faut s’adonner à la pratique du bien dans la foi, et où l’on peut être tenté d’oublier que ses actions sont d’une très grande conséquence. L’Evangile montrera plus tard les justes tout surpris d’apprendre au jour du jugement qu’ils ont servi le Seigneur lui-même dans la personne des plus humbles misérables.

Le ton devient de plus en plus fervent. Dans la lecture que nous venons d’entendre, c’est ce que l’on pourrait appeler un manège amoureux qui va être décrit. Avec une insistance qui serait indiscrétion blâmable s’il s’agissait des rapports entre hommes, le disciple de la Sagesse guette les allées et venues de celle qu’il désire et s’efforce de vivre dans son voisinage. Loin d’en être importunée, la Sagesse voit avec plaisir les assiduités de son prétendant ; elle répond à ses avances : Elle vient au-devant de lui comme une mère, comme une épouse vierge elle l’accueille. 

Les sentiments humains les plus tendres sont ainsi évoqués pour dépeindre les rapports de la Sagesse et des hommes. De telles comparaisons suggèrent qu’elle est un être divin et non pas seulement une doctrine, si excellente soit-elle.

C’est à la même conclusion que conduit un tableau d’une richesse de contenu égale à la splendeur poétique de l’expression. La Sagesse célèbre elle-même ses louanges. Sortie de la bouche du Très-Haut, elle apparaît comme distincte de Lui. Antérieure à la création, elle en a contemplé toutes les merveilles. Elle a parcouru l’univers entier des hauteurs du ciel aux profondeurs de l’abîme. Dotée d’une vaste science, elle peut exercer sur terre un pouvoir qui ne connaît aucune limite : tous les peuples lui sont soumis, car elle est répandue dans une certaine mesure sur toute chair.