Siracide 6, 5-37

L’invocation à Marie

Père Albert Enard

Le Rosaire, Prier Marie, p. 225s

 

Invoquer Marie n’est rien d’autre, ne doit être rien d’autre que cela : demander son intercession. On peut d’ailleurs remarquer que, selon les évangiles, les pauvres, les malades et les pécheurs adressent à Jésus des requêtes que l’on considère aujourd’hui, non seulement comme légitimes, mais comme typiques de la prière de foi. Or, ces gens ne savaient pas que Jésus était Dieu. Ils s’adressaient à lui comme à un homme de Dieu. C’était, consciemment ou non, lui demander d’intercéder pour eux. 

L’analogie avec l’intercession de Marie et des saints est incontestable. Comment douter que prier Dieu en demandant l’intercession de Marie ne lui soit agréable ? Une telle forme de prière n’implique-t-elle pas une démarche d’humilité ? Nous tournant vers Marie, nous reconnaissons en effet que nous sommes moins proches de Dieu et moins semblable à Jésus que sa mère. Mais, surtout, prier ainsi revient en fait, finalement, à prier avec Marie : la prière mariale est un mystère de Communion. Et cette communion dans la prière, et donc dans l’amour, est ce que Dieu, notre Père à tous, désire par-dessus tout voir réaliser en ses enfants.

Prier en vérité, c’est, consciemment ou non, entrer dans la prière de Jésus qui ne cesse d’intercéder auprès du Père. Mais Jésus prie aussi pour son Eglise : celle de la terre et plus encore celle du ciel. Et prier en vérité, c’est aussi, consciemment on non, entrer dans la prière de l’Eglise, s’unir à celle de la terre et plus encore à celle du ciel : c’est donc entrer en communion avec la prière de Marie en qui se réalise de la façon la plus pure et la plus continue cette prière ecclésiale.

Il va sans dire que cette communion à la prière de Marie n’est pas seulement possible dans le cas de la prière de demande, mais aussi dans celui de la prière d’action de grâces, de louange et d’adoration. Et d’une façon peut-être plus naturelle encore, car si nous pouvons ressentir le besoin de recourir à l’intercession de Marie, en raison de notre indignité, comment ne pas ressentir davantage encore notre incapacité à rendre grâces et à louer Dieu, comme il en est digne, et donc comment ne pas désirer lui offrir la louange de tous ses élus et, surtout, celle de qu’il a choisie pour Mère ? N’est-ce pas en particulier le sens des Réjouis-toi inlassablement redits à la faveur de la récitation du Rosaire ? Réjouis-toi, Marie, car ta joie est la meilleure action de grâces et la plus belle louange que tu puisses offrir à Dieu et que nous voulons offrir avec toi.