1 Maccabées 4, 36-59

Le Temple véritable

Cardinal Jean Daniélou

Le signe du Temple ou la présence de Dieu, p. 31s

 

          Le Temple ecclésial qui s’édifie lentement par la charité est l’accomplissement à la fois du Temple mosaïque et du Temple cosmique. C’est de lui que le chrétien peut dire en vérité ce que le Juif disait du Temple de Jérusalem : Seigneur, j’ai aimé la beauté de ta maison et le lieu où réside ta gloire… J’ai demandé une seule chose à Dieu, je l’obtiendrai, c’est d’habiter la maison du Seigneur tous les jours de ma vie. Mais désormais le Temple n’est plus la montagne lointaine vers laquelle se tend le désir des dispersés, elle est toujours présente et il suffit de rentrer en nous-mêmes pour nous trouver dans la communion des saints : Notre Seigneur Jésus Christ après être monté au ciel n’a pas laissé le monde derrière lui tel qu’il l’avait trouvé. Il a laissé dans le monde ce qui n’y était pas avant lui, un foyer secret que la foi et l’amour peuvent retrouver partout en dépit du monde qui nous entoure. C’est l’Eglise de Dieu qui est notre vraie demeure, préparée par Dieu, où il habite avec ses anges et ses saints. Quoique vous soyez dans un corps de chair, un membre de ce monde, vous n’avez qu’à vous agenouiller respectueusement  et vous êtes aussitôt dans leur société. C’est là ce que le Christ annonçait à la Samaritaine, quand il lui disait que bientôt on n’adorerait plus à Jérusalem, ni au mont Garizim, mais que le Père voulait des adorateurs en esprit et en vérité, c’est-à-dire qui adorent dans le Temple véritable, le Tabernacle spirituel.

          Il est aussi l’accomplissement du Temple cosmique d’autant que l’emporte sur le cosmos tout entier ce Temple dont chaque pierre est elle-même à elle seule un univers, s’il est vrai que l’esprit est en quelque manière toute chose, et qu’une seule pensée de l’homme vaut mieux que tout l’univers. Que ce mot de Temple n’éveille pas en nous l’idée de je ne sais quel édifice immobile. C’est une vision verticale d’univers spirituels en expansion que doit en nous cette édification du Temple ecclésial, d’un Temple se dilatant sans cesse dans une croissance infinie, lancé à travers les sphères célestes sur des espaces sans fin.