2 Maccabées 7, 20-41

C’est par amour que Dieu nous restaure à son image

Saint Léon le Grand

Premier sermon sur le jeûne, Sermon 82, SC 200, p. 151s


Si nous comprenons, à la lumière de la foi et de la sagesse, les débuts de notre création, nous découvrirons que l’homme a été fait à l’image de Dieu pour imiter son Auteur, et que la dignité naturelle de notre race consiste en ce que la ressemblance de la bonté divine brille en nous comme un miroir. Cette ressemblance, la grâce du Sauveur la restaure tous les jours en nous, car ce qui est tombé dans le premier Adam est relevé dans le second. Or le motif de notre restauration n’est autre que la miséricorde de Dieu ; nous ne l’aimerions pas s’il ne nous avait aimé le premier et n’avait, par la lumière de sa vérité, dissipé les ténèbres de notre ignorance. C’est ce que le Seigneur avait annoncé par la voix du prophète Isaïe en disant : J’acheminerai les aveugles par une route qu’ils ignoraient, et je les ferai marcher sur des sentiers qu’ils ne connaissaient pas. Je changerai pour eux les ténèbres en lumière, et les chemins détournés en routes droites. Voilà ce que je ferai pour eux, et je ne les abandonnerai pas. Et encore : J’ai été trouvé de ceux qui ne me cherchaient pas et je me suis montré à ceux qui ne me questionnaient pas. Comment cela s’est-il accompli ? L’apôtre Jean nous l’apprend par ces paroles : Nous savons que le Fils de Dieu est venu, et qu’il nous a donné l’intelligence, afin que nous connaissions le Véritable et soyons dans le Véritable, son Fils. Et encore : Quant à nous, aimons Dieu, puisque Dieu a aimé le premier. C’est pourquoi, en nous aimant, Dieu nous restaure à son image et, afin de trouver en nous la ressemblance de sa bonté, il nous donne le moyen de faire nous-mêmes ce qu’il fait ; il allume, en effet, le flambeau de nos intelligences et nous enflamme du feu de son amour, pour que nous l’aimions, et non seulement lui, mais aussi tout ce qu’il aime. Car si une amitié entre hommes est vraiment solide quand elle associe ceux qui ont une conduite semblable, il arrive pourtant souvent que la similitude des volontés se porte vers des désirs répréhensibles. Combien dès lors ne devons-nous pas souhaiter de toutes nos forces n’avoir rien qui nous sépare de ce qui plaît à Dieu. C’est de lui que le psalmiste dit : La colère est dans son indignation et la vie dans sa volonté. Car nous ne serons dignes de la majesté divine que si l’on trouve en nous l’imitation de sa volonté.