2 Maccabées 12, 32-45

Le sacrifice pour les morts

Père Félix Marie Abel

Les livres des Maccabées, p. 447s

 

          Le texte des trois derniers versets que nous venons d’entendre met en relation étroite le sacrifice pour le péché avec l’idée de la résurrection. L’auteur affirme sans ambages que c’est de la conviction, que les soldats qui avaient succombé devaient ressusciter un jour, que découle la pensée d’offrir un sacrifice à Jérusalem.

          La mort les a surpris en contravention à la Loi. Pour Raban Maur, en dehors du péché contre le Saint-Esprit, il n’est aucun péché irrémissible : la prière et l’aumône sont des remèdes pour délivrer les morts de leurs fautes. Selon saint Augustin, il existe un état intermédiaire où les suffrages peuvent soulager les morts. Mais ces soldats, porteurs d’objets idolâtriques, n’appartiennent-ils pas plutôt à la classe des damnés où nul soulagement n’est admis ?

          A cette objection, saint Thomas a répondu : ces objets n’étaient pas nécessairement l’indice d’un acte de culte envers les idoles. Ils avaient été pris par le droit de la guerre ; on pouvait tout au plus taxer d’avarice vénielle ceux qui les avaient cachés sous leur tunique. Selon d’autres, ces soldats en péril se seraient repentis de leur péché d’accord avec le psaume 77 (Verset 34) : Quand Dieu les massacrait, ils le cherchaient, ils revenaient, ils s’empressaient près de lui.

          Pour que ces défunts puissent atteindre la vie éternelle, une condition existe, celle d’une pleine et entière rémission de leurs péchés. Si le peuple demande à Dieu la rémission de leur péché, c’est parce que cette faute est un obstacle à ce que les soldats tués arrivent à la résurrection. Etant donné qu’ils sont morts pour la cause de Judas Maccabée, on ne peut nier qu’ils se soient endormis avec piété et qu’ils aient droit à la belle récompense qui attend ceux qui ont sacrifié à Dieu leur existence terrestre. Mais il faut faire tomber l’obstacle qui les en sépare, la faute, et cela est réalisé par le sacrifice pour leur péché. Voilà pourquoi Judas fit faire ce sacrifice expiatoire pour qu’ils fussent délivrés du péché.