1 Maccabées 6, 1-17

Le peuple de Dieu et la guerre

Père Adrien-Marie Brunet

La guerre dans la Bible, LV 38, 1958, p. 46s

 

          L’Ancien Testament renferme une théologie de la guerre. Au milieu des expériences douloureuses qu’Israël a traversées au cours de sa longue histoire, on s’est souvent arrêté à réfléchir sur les graves problèmes que les luttes entre nations posent à la conscience religieuse. On a vu dans la guerre une inéluctable réalité, mais on a cherché à y trouver un sens religieux. Il est des luttes voulues par Dieu, le Souverain Maître, pour permettre à son peuple de s’établir en terre promise, et de la défendre contre ses ennemis. Dieu suscite des guerres, les permet, dirions-nous plutôt pour une fin plus haute, pour convertir Israël, pour le châtier. La guerre eschatologique sera elle-même une façon de purifier l’univers. Mais l’homme, de son côté, ne doit pas abuser de la guerre : là, comme ailleurs, il est des principes de morale qu’il ne lui est pas permis d’oublier. L’orgueil et le désir de domination ne sont pas des raisons suffisantes pour qu’une nation se lance contre une autre, encore moins contre un peuple frère.

          Mais par delà la guerre, il y a la paix, cette paix à laquelle le fidèle de Dieu aspire, cette paix que l’humanité a perdue jadis au Paradis, mais qu’elle retrouvera aux temps messianiques, après le grand combat eschatologique.

          Ces vues du Judaïsme, le Christianisme les a faites siennes. Mais la révélation évangélique lui a montré davantage : Le Christ est notre paix, lui qui des deux, du Juif et du Païen, n’a fait qu’un peuple, détruisant la barrière qui les séparait, supprimant en sa chair la haine, pour façonner en sa personne les deux en un seul Homme Nouveau, faire entre eux la paix et les réconcilier avec Dieu, tous deux en un seul corps, par la croix : en sa personne il a tué la haine. Alors il est venu proclamer la paix, paix pour vous qui étiez loin, et paix pour ceux qui étaient proches : par lui, nous avons en effet, tous deux en un seul Esprit, libre accès auprès du Père.

          Cette paix que le Christ apporte, qu’il est lui-même, est une paix spirituelle. Elle est celle de ceux qui entrent en son Royaume. Ce Royaume est au milieu d’un monde où la guerre a longtemps régné. Le Christ n’a pas promis qu’elle disparaîtrait, mais l’amour et la justice qu’il exige de ses disciples, et que ses apôtres demanderont aux premières communautés chrétiennes, sont les seuls principes d’une paix véritable.