Daniel 12, 1-13

« Quel sera le dernier des événements derniers ? »

Jean Burnier-Genton

Le rêve subversif d’un sage, Daniel, p. 42s

 

          Après avoir répondu à la question de savoir jusqu’à quand il faudrait attendre les choses merveilleuses qui venaient d’être décrites, en déclarant sous le sceau du serment que ce sera après un temps, des temps et un demi-temps, l’ange reçoit une nouvelle demande, littéralement : Quoi la fin de ces choses ? C’est-à-dire : Quel sera le dernier des événements derniers ?

            Si Daniel pose cette question, c’est que l’ange, dans son exposé des événements à venir, n’est pas allé au-delà du renouvellement du peuple saint par la résurrection, le jugement, le don de la vie éternelle et la glorification des croyants avisés. Or Daniel, dans le songe du chapitre 7 avait dépassé ces horizons exclusivement nationaux. Il avait rêvé moins en Juif qu’en fils d’homme, et surtout en fidèle de Celui qui est le Dieu de tous les peuples de la terre. Aussi bien, voudrait-il savoir maintenant si le plus éminent des envoyés divins, avec lequel il a le redoutable privilège de pouvoir s’entretenir, confirme ce qu’il a vu lui-même précédemment : la royauté universelle donnée à celui qu’il avait vu venir comme un fils d’homme, figure symbolique du peuple des saints des lieux très hauts destiné à régner sur tous les peuples de la terre. Il espère que les prédictions de l’ange vont être complétées. Mais l’envoyé céleste n’en fera rien, parce que, explique-t-il, les événements que Daniel voudrait pouvoir continuer d’attendre sont encore le secret de Dieu : Va, Daniel, car ces événements ou ces paroles sont tenus secrets et scellés jusqu’à la fin des temps.

            Jusqu’aux temps de la fin ne peut signifier que ceci : jusqu’au temps des événements ultimes. C’est dire que ce qui arrivera pour finir ne sera révélé et connu que dans le temps où cela arrivera. Le prince angélique qui occupe apparemment auprès de Dieu le plus haut rang dispose dès lors d’une information de première main, ne peut donc confirmer le rêve de Daniel, pourtant garanti par les déclarations d’un interprète céleste. Il laisse même entendre que personne, hormis Dieu seul, ne sait si un jour le peuple des saints règnera sur le monde. Pour l’auteur des chapitres 10 à 12, Daniel n’a fait que rêver, rien de plus, et son rêve ne peut être tenu pour une révélation ; car seul est vraiment au courant des intentions divines révélées l’ange éminent présenté dès 10,5, et devant lequel Daniel fait plus que s’incliner : il se prosterne, plein d’une terreur sacrée, en l’appelant comme on appelle le Très-Haut lui-même : mon Seigneur.