Ruth  3, 1-18

Ruth, une humble d’Israël

Père Divo Barsotti

Ruth, p. 51s

 

          Ruth persévère dans son attitude d’humilité, de pure simplicité : elle se confie aux événements, elle se laisse conduire par Dieu à travers l’obéissance la plus pure, la plus simple, la plus respectueuse ; elle continue d’agir avec modestie et sérénité d’esprit. Le livre inspiré nous présente la douceur et l’humilité de Ruth comme un modèle de vie, complémentaire de ce qu’était la figure de Tobie. D’un côté, Tobie, le juste ; de l’autre, Ruth, la femme qui est essentiellement amour et effacement. Ces deux figures sont les plus belles que le judaïsme ait pu proposer comme types de justice, de perfection morale. Peu importe qu’il s’agisse ou non d’une histoire vraie, le récit est surtout l’occasion de donner en modèle un idéal de beauté spirituelle.

          Ce n’est pas encore la sainteté chrétienne, mais dans cette humble douceur, il n’y a rien que le christianisme ne puisse admirer. Quel type de juste plus pur et plus élevé que Tobie ? Quelle figure plus délicate et plus douce dans sa pauvreté que Ruth, la Moabite ? Ruth est la femme. Bien qu’étrangère, elle personnifie la religion des humbles d’Israël. Dans une certaine mesure, Ruth annonce Marie : on retrouve en elle quelque chose de cette humilité qui est le support nécessaire de la maternité divine.

          Comme Tobie, Booz est un juste : un juste généreux, qui devient pour ainsi dire l’image de Dieu, qui pourvoit à tout, qui reconnaît immédiatement ses devoirs envers tous. Mais Booz n’est pas le personnage le plus important : la figure qui domine le récit est celle de la femme, dans sa fragilité, sa pauvreté, sa douceur. Booz représente Dieu : mais c’est peut-être précisément pour cela que Ruth est l’acteur principal, comme si toute l’histoire était ordonnée à faire comprendre que le plan de Dieu veut opérer le salut par l’humilité. Et Ruth symbolise le peuple des nations que Dieu veut s’unir ; mais loin que le symbole appauvrisse la réalité de la femme et sa vérité concrète, il lui ajoute, plus encore que chez les prophètes, une force persuasive, il parachève son éminente beauté.