Marc 16, 15-18

« Allez ! Proclamez l’Evangile »

Père Paul Ternant

La prédication universelle le l’Evangile du Seigneur, AS 28, p. 43s

 

          Les mots Proclamez l’Evangile appartiennent au langage missionnaire commun de l’Eglise primitive, mais Marc a pour eux une spéciale prédilection, et il est le seul des quatre évangélistes à écrire l’Evangile (la Bonne Nouvelle), sans autre précision, peut-être sous l’influence de Paul. Les deux mots proclamer et Evangile sont associés à plusieurs reprises en Marc. Cette finale de Marc est particulièrement proche des derniers mots du discours eschatologique de Jésus en ce même évangile : avant que le Fils de l’homme ne vienne dans sa gloire, les disciples auront à rendre témoignage même devant les autorités païennes, car il faut d’abord que l’Evangile soit proclamé à toutes les nations.

          Du verbe proclamer en grec, fréquent dans les Actes, dérive le substantif Kérygme ou Message, qui équivaut pratiquement à Evangile. Les apôtres sont les propagateurs de la Bonne Nouvelle, les hérauts du joyeux Message de salut. Dans les discours des Actes, le Kérygme, prédication élémentaire et de choc, porte sur la vie, et surtout sur la mort, la résurrection et l’exaltation de Jésus, puis annonce son retour comme Juge et Sauveur. La finale schématique de Marc ne dit rien de cet objet du Message ou de la foi correspondante. Mais il n’est pas douteux que, pour l’auteur comme pour toute la prédication primitive, le cœur de l’évangile ne se trouve dans la mort et la glorification de Jésus, conçues comme un seul grand acte sauveur de Dieu : il l’indique implicitement en situant l’ordre de mission entre la Résurrection et l’Ascension visible. Ayant vu Jésus vivant à nouveau  et transfiguré, les apôtres devront annoncer partout cet événement central de l’histoire humaine et sa signification profonde pour le monde. Ayant vu d’élever au ciel celui que le ciel doit garder jusqu’aux temps de la Restauration universelle (Actes 3,21), ils auront à proclamer que ce même Jésus viendra de la même manière dont ils l’ont vu partir vers le ciel.

          C’est à toute la création que l’Evangile est destiné. L’expression est équivalente à celle de Marc (13,10) et de Matthieu (28,19) : toutes les nations. Seuls les hommes peuvent d’ailleurs entendre la prédication  et y répondre par la foi. Mais il n’est pas exclu que l’auteur dans la ligne paulinienne (Romains 8,19-22 ; Colossiens 1,1-23), songe également au retentissement mystérieux de l’œuvre du Sauveur sur tout le cosmos.