Romains 8, 18-39

« Qui nous séparera de l’amour du Christ ? »

Père Stanislas Lyonnet

Le message de l’épître aux Romains, p. 136s

 

Mort et vie, joint d’ailleurs à présent et avenir, est le binôme familier à la littérature contemporaine que Paul avait déjà rappelé dans la première lettre aux Corinthiens (3,22) : la mort avec ses angoisses, la vie avec des dangers et ses tentations, le présent avec son instabilité et l’avenir avec ses incertitudes. Les anges et les principautés sont vraisemblablement ces éléments que Juifs et Grecs estimaient être préposés au monde matériel et dont précisément le Christ a triomphé. Quant aux deux derniers, hauteur et profondeur, ils semblent empruntés au langage de l’astrologie où ils désignaient, le premier la situation d’une étoile près du pôle, le second l’espace sous l’horizon d’où paraissent surgir les étoiles, en tant évidemment que ces différentes positions des astres dans le ciel sont censés commander la destinée des hommes et les événements de leur existence. Enfin, pour être certain de ne rien omettre, Paul déclare que nulle créature, si puissante qu’on la suppose, ne pourra empêcher le Christ de nous aimer efficacement. 

Le seul obstacle serait, de notre part, le refus de vouloir être aimé, car Dieu nous respecte assez pour ne jamais nous imposer son amour. Mais ici, Paul se place toujours du point de vue exclusif de Dieu, le seul en question dans sa problématique. Aux chrétiens convertis du paganisme et habitués jusqu’ici à se considérer comme exclus des promesses divines réservées au seul Israël, l’Apôtre déclare que ces promesses les concernent, eux aussi, et que l’amour du Christ est assez efficace pour triompher de quiconque voudrait s’opposer à leur réalisation. 

Cet amour du Christ n’est d’ailleurs que l’amour même de Dieu, amour devenu humain et visible dans le Christ notre Seigneur. Car, au terme de ce chapitre, Paul reprend la formule, pour lui nullement banale, qu’il avait employée pour la première fois dans l’adresse, particulièrement solennelle, au début de cette lettre (1,4) et qui, à partir du chapitre 5, lui avait servi à marquer chacune des étapes de son argumentation. Elle définit l’objet même de son évangile : un personnage qui porte un nom, comme tous les personnages de l’histoire : Jésus, dont la fonction est d’être le Messie envoyé par le Père : Christ, et qui, par sa résurrection, a été constitué Notre Seigneur.