Romains 13, 1-14

Le premier songe de Jean Bosco

Saint Jean Bosco

Dans ses Memorie dell’Oratorio, Histoire ses saints et de la Sainteté, p. 62

 

          A l’âge de 9 ans, je fis un rêve qui me resta toute la vie profondément gravé dans l’esprit. Pendant mon sommeil, j’eus l’impression de me trouver près de chez moi, dans une cour très spacieuse où s’étaient rassemblés une multitude d’enfants qui s’amusaient. Certains riaient, d’autres jouaient, beaucoup blasphémaient. Sitôt que j’entendis ces blasphèmes, je l’élançais parmi eux, et usant de la voix et des poings, je cherchais à les faire taire. A ce moment apparut un homme d’allure majestueuse, dans la force de l’âge et magnifiquement vêtu : un manteau blanc l’enveloppait tout entier, quant à son visage il étincelait au point que je ne pouvais le regarder. Il m’appela par mon nom et m’ordonna de me mettre à la tête des enfants. Il ajouta : « Ce n’est pas avec des coups, mais par la mansuétude et par la charité que tu devras gagner tes amis que voici. Commence donc immédiatement à les instruire de la laideur du péché et de l’excellence de la vertu ». Confus et effrayé, je répondis que j’étais un pauvre gosse ignorant, incapable de parler religion à ces enfants. Alors les gamins, cessant de batailler, de crier et de blasphémer, vinrent se grouper autour de celui qui parlait. Presque sans réaliser ce qu’il m’avait dit, j’ajoutai : « Qui êtes-vous, vous qui m’ordonnez une chose impossible ? – C’est justement parce que ces choses te paraissent impossibles que tu dois les rendre possibles par l’obéissance et l’acquisition de la science. – Où et par quels moyens pourrai-je acquérir la science ? – Je te donnerai la maîtresse sous la direction de qui tu peux un sage et sans qui toute sagesse devient sottise. – Mais qui êtes-vous pour me parler de la sorte ? – Je suis le fils de celle que ta mère t’a appris à saluer trois fois le jour. – Ma mère m’a dit de ne pas fréquenter les inconnus sans sa permission. – Mon nom, demande-le à ta mère.

            A cet instant, je vis près de lui une dame d’aspect majestueux, vêtue d’un manteau qui resplendissait de toutes parts, comme si chaque point eût été une étoile éclatante. Elle me fit signe d’approcher, me prit doucement par la main. « Regarde », me dit-elle. Je regardai et m’aperçus que tous les enfants s’étaient enfuis. A leur place, je vis une multitude de chevreaux, de chiens, de chats, d’ours, et d’autres animaux. « Voilà ton champ d’action, voilà où tu dois travailler ; rends-toi humble, fort et robuste ». je détournai les yeux, et voici que, remplaçant les terribles bêtes, apparurent autant d’agneaux plein de douceur qui bêlaient et gambadaient en tous sens comme s’ils fêtaient cet homme et cette femme.  Elle me mit alors la main sur la tête et me dit : « Tu comprendras tout en son temps ». a ces mots, un bruit me réveilla et tout disparut.