Romains 7, 14-25

Le martyr meurt par amour

Ysabel de Andia

La voie et le voyageur, p. 768ss

 

La mort, comme sacrifice, donne à la mort un caractère sacré. La mort du Christ, et, à sa suite, celle des martyrs, n’est pas n’importe quelle mort, mais le Saint Sacrifice du Dieu-Homme par lequel il a sauvé le monde par son sang.

Le sang représente la vie de l’homme qui est à Dieu, et le sang répandu la mort. Le sang versé à travers les blessures manifeste la vie qui s’écoule comme de l’eau. Le sang de l’homme mort de mort violente crie vengeance.

Après le meurtre d’Abel, le Seigneur dit à son frère Caïn : Qu’as-tu fait ? Ecoute le sang de ton frère monter vers moi du sol ! Le sang de l’innocent crie vers Dieu et Lui, qui s’enquiert du sang versé, n’oublie par le crie des malheureux, car Dieu fera retomber le sang innocent sur ceux qui le versent. 

Le sang répandu dans les sacrifices est un signe d’Alliance entre Dieu et les hommes ou de communion avec le sacrifice du Christ, communion qui constitue l’Eglise, Corps du Christ. Ce sens eucharistique du sang versé a été vécu par les martyrs.

La mort comme martyre introduit l’idée de la liberté dans la mort : la mort du martyr est choisie, donnée, c’est pourquoi elle est un témoignage. Le désir d’être martyr se retrouve dans la vie de beaucoup de saints qui ont voulu donner leur vie pour le Christ et être configurés à lui dans la mort. La mort des martyrs est une mort par amour.

Depuis que le Christ est mort, la mort a changé de signe : elle n’est plus une condamnation à mort, car le Christ nous a libérés de l’esclavage de la mort et la vraie libération est celle de la mort et de la peur de la mort : Vous n’avez pas reçu un esprit d’esclaves pour retomber dans la crainte, mais un Esprit de fils adoptifs qui nous fait nous écrier : Abba ! Père ! Le Christ, par sa mort et sa résurrection, a ouvert le passage de la mort à la vie, préfiguré par la traversée de la Mer Rouge et signifié par la plongée dans les eaux baptismales. Pour autant qu’elle s’identifie à la mort du Christ, la mort humaine est le sacrement pascal du passage de ce monde au Père. Désormais : Nul d’entre nous ne vit pour soi-même ; si nous vivons, nous vivons pour le Seigneur et si nous mourrons, nous mourrons pour le Seigneur. Donc, dans la vie, comme dans la mort, nous appartenons au Seigneur.