1 Corinthiens 1, 1-17

Divisions dans l’Eglise

Saint Grégoire de Nazianze

Discours 32, 2…5, SC 318, p. 87…95

 

          Que dire en premier, de plus grand, de plus utile, de plus indiqué pour la circonstance présente ? La paix, la sérénité. Oui, frères, qu’y a-t-il de plus beau dans nos paroles que la paix ? Elle est aussi ce qu’il y a de plus bénéfique, de plus avantageux. A l’inverse, qu’y a-t-il de plus honteux, de plus néfaste, de plus nuisible que la discorde ?

          Après avoir posé ces questions, je vais encore en poser d’autres : qu’est-ce qui détruit la paix, qu’est ce qui introduit la discorde ? En procédant ainsi, comme dans les maladies, après avoir diagnostiqué les causes des maux et asséché leurs sources, nous essayerons de voir comment mettre fin à ce qui en découle.

          Voulez-vous que je vous dise la cause de la discorde et que je vous la fasse connaître ? Ce sont des hommes ardents et portés aux grandeurs qui causent ce trouble. Ils ne sont pas seulement enflammés, désireux de grandeurs, car nous ne blâmons pas l’ardeur, sans elle il est difficile, voire impossible de réaliser quelque chose de bon dans l’ordre de la piété ou des vertus ; ces hommes enflammés sont certes de natures généreuses, mais avec assez peu de bon sens et de savoir… Or de là naît la témérité. C’est là ce qui bien souvent a déchiré les membres, divisé les frères, troublé les cités, rendu insensés les peuples, armé les nations, dressé les puissants, soulevé les prêtres les uns contre les autres et contre le peuple, les parents contre les enfants, les hommes contre les femmes, les femmes contre les hommes.         C’est cela qui, dans l’Eglise Une, a créé plusieurs partis antagonistes ; c’est cela qui l’a divisée, non pas entre un Paul ou un Céphas ou un Apollos, mais plutôt une telle témérité met sous nos yeux plusieurs Paul, plusieurs Apollos, plusieurs Céphas dont nous prenons le nom au lieu de celui du Christ ! En effet, on nous désigne par leurs noms, remplaçant celui du Christ, le grand nom qui nous est commun : il n’y a pas plusieurs Christs, il n’y en a qu’un seul, celui qui est engendré, créé, celui qui commence à partir de Marie, celui qui revient là d’où il est parti pour exister. Devant ces faits, notre foi ne vogue-t-elle pas comme un navire sans pilote !